Bruit d’aile

Sous tes feuilles
Tilleul torturé
Non pas torturé
Mais coupé
Que dis-je
Court taillé
Prodige
Court taillé
N’est pas torturé
Mais bien humanisé
Que dis-je encore
Tout au plus réduit
A l’échelle humaine
Tilleul ta sève l’homme conduit
Dans les canaux qui l’amène
Aux fins de ses efforts

Sous tes feuilles équarries
Tilleul peu humanisé
Près ton ombre éclaircie
Tilleul encore enraciné
La nature ruptive
Dès lors captive
Que dire
Quand deux pensées amènent
A oublier la pensée
Souffrir
Ou s’ouvrir à l’été
Sereine fredaine
Quand les guides capitaines
En tension
Les murs capitonnent
D’effraction
Comme le canon tonne

Tu vivais au soir tombant le frais
Au mur où se cognait l’effraie
Quand tout est trop pur
Et vous effraie
Même la nuit
Chaude en sa bure
Soleil enfoui
Passé bleu pur
Et la fraîcheur qui murmure
Que l’effroi cogne en vos beffrois

 

 

 

Effraie volante
Au beau bruit d’aile
Au soir tombante
Comme hirondelle
Quand le temps plie
Sa voûte large
Qu’avec ses larmes
De pluie émargent
Les jeux de charme
Et vos replis

Entré dans vos cités
Comme un cheval de Troie
Laissez la bure tissée
Pour l’amant enfin roi

GDB 28.06.88 22 heures
et 07.06.97 19 heures

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