Avatars en leurre

La vue
Dans la végétation se perd
Entre montagne et mer
Cocotiers et manguiers
Perclus
Des tourments d’alizés
Agitent nos horloges
Comme four est en sauge
Tout bouge et reste là
Le vert en tas
Ne sait ce qu’il abroge
De ce qu’il a créé
Le verre l’accompagne
En émousse vie
Source de vitalité
Le temps fait ce qu’il faux
Mais il n’y croit pas
Il se déplace en pagne
Qui lui paraît haut
Avatars de Polynésie
Support de fausses frénésies
Il reste la douceur des leurres
L’éloignement des tiens
La fatuité des liens
La solitude est à l’heure
Violente et douce
Patiente
Un peu rousse
Tu aimes ces instants d’arrêt
Quand surgit
La nostalgie
Et les replis
De ce que fut ta vie
Pour eux tous tes apprêts
Pour toi
Le rêve règne de l’enfant roi
Plus rien n’est étroit
Ta conception du monde
Surtout pas
Peut-être elle fut
Mais elle n’est plus

La sérénité
Se nourrit du néant
Même si ce n’est pas sécant
Tu cherches d’où partir
Pour mieux revenir
Banalité d’état
Qui ne te convient pas
Raconter
Décrire
Peux tu essayer
Apporter
Sans luire
Serait-il
Effronté
Blessé fut-il
L’hydre
Ne s’est pas noyé
Clepsydre
Ne t’attend pas
Faite de l’humeur
Elle écrit le temps
Que personne ne rend
Écoute
Perçoit
Aimes
Imagines
Copules
L’instant
Seule
La seconde
Est franche
Veule
La faconde
La tranche
La douleur
Aussi
Est leurre
A l’approche
De l’heure
En pluie
D’anicroche

Toahotu le mardi 29 mars 2011, à 13h

Fare Brousse

Ils sont cinq
La musique nous enveloppe
Nostalgie
Quand tu nous tiens
Tu mesures
Comme est ténu
L’écrin de la vie
Le soleil est éclatant
Pas de faux semblant
Voix de vahiné
Dont l’éclat
T’éblouit
Chez Kina
Et Stéphane
Tu regardes
Ces visages
Si différents
Et pourtant
Si ressemblants
Tout le monde
Aime vivre
Dans les visages appliqués
Il y a plus de santé
Cette musique envoûtante
Fait oublier les manques
Belles tahitiennes
Aux poitrines généreuses
Te rappellent

Le manque de sel
Des vies sans rappel
Ils et elles sont magnifiques
Ces belles chansons françaises
Que s’est approprié la Polynésie
Montrent que Le Monde
Est aussi étroit
Qu’il est immense
Belle journée de partage
Chez nos amis du Fare Brousse
Nos hôtes merveilleux
Savent qu’il faut se battre
Pour être heureux
Sauvages
Près de leur âtre
Chacun fait ce qu’il peut
Soleil vert
Ou plutôt jaune
Il n’y a pas de faune
Mais beaucoup d’amers
L’ambiance fauve
Aux couleurs d’ici
Pas besoin d’aumône
Tu t’intègres dans ce pli
C’est peut-être le tien
Est-ce une fin
Ou juste un brin
D’accroche de la vie

Fare Brousse
Jeudi 10 mars 2022 13h30

Le temps d’ici


Nous étions descendants
Sur des terres empruntées
Scandées de rythmes lents
Et de murs à fêter
D’absences de printemps
En cultures d’apnées
Il arrive qu’un temps
Devienne séculier
Surtout le temps d’ici
Dépouillé de ses plis
Sais-tu ce qui te lie
Aux affres de la nuit
En latitude basse
Quand la douceur t’enlace
Aux franges des retards
Tu fuis les temps bâtards
L’aronde Pacifique
En queues mises en trique
Conduit ta vue de vie


Aux franges des replis
Au bord des forts accords
Ou torts efforts et mort
Ne sont que sortilèges
Posés là en arpège
Comme vieux matins beiges
Que les brouillards allègent
Qui sait ce qui t’agrège
Aux soleils révolus
Ceux qui ont beaucoup plu
Artisans de tes mues
Sur tes grimoires aussi
Il aurait beaucoup plu
Si tes histoires défi
Avaient dû être lues

Ecrits en parapluie
Tu cherches la survie

Taravao
Jeudi 22-07-2010- 21h30

Univers poisson

Motu Nono en mire
Sur l’Azur cul posé

L’ombre du cocotier
Celle de tous les dangers
Quand forcit l’alizé

Tout courre à adoucir
Le passage du temps
A construire l’épure
De l’instant juste avant

Les crêtes dentelées
De verdures en foison
Plongent en cocotiers
Dans l’univers poisson

Le clapot établi
De la baie fait le lit

L’écume de la barrière
Blanchit ton horizon
Ce qu’il y a derrière
Bat comme sanglot long

En cet état disert
Où le regard s’éperd
Le songe est à l’étude
De quelque latitude

Des toits rouges ou blancs
Dans le vert dominant
Prolongent le lagon
De nuances bleutées

Raiatea Vendredi Saint 06 avril 2012 14h

Le rostre de la baleine


L’évent
De la baleine à bosse
Surgissait
Du néant
L’océan
N’était soudain
Plus Pacifique
Mais magnifique
La houle
Bleu azur
Nous portait
Crêtes et creux
Scandaient
L’acuité de nos regards
Souvent en retard
Quand ces monstres
Surgissant de nulle part
Nous assénaient
Leurs rostres
Cherche l’instant
Sans pareil

Celui qui t’émerveille
Et qui te pourfend
L’homme se sent petit
Devant ce monde en veille
La baleine a de gros doigts
Elle n’écrit pas
Elle signe son départ
Vers les abysses
Par un coup de queue
Qui ne peut que faire
Rêver l’homme
Rien ne sert
De trop braire
L’humilité est de mise
La baleine
N’a pas besoin de nous
Cessons de la détruire
Il y a beaucoup à faire
Pour que l’homme
Apprenne

A vivre sur la Terre

 

GDB   2022-01-10

Départ

Arrive le départ
Et ses larmes en pluie
Angoissant est l’écart
A l’habitude vie


Sous l’insolent soleil
De ce matin si blême
La souffrance en éveil
Des clartés agrandie
Perçoit l’ombre d’oubli

Déjà las dans ton âme
Le passé mêle au drame
Les instants envolés




Adieu
A ceux qui t’aiment
A Tahiti Nui
A Moorea la belle


Hauts les cœurs délaissés
Désertes citadelles
Enfoncées dans les cieux
A ceux qui t’aiment
Adieu

Infidèles instants
Ta bonne étoile filants
Accrochée comme une ancre
Aux pieuvres des émois
Crachotent à flots l’encre
Sur tous tes désarrois

Dilemme
Il faut bien que tu l’aimes
Comme chaque poème
Hurlant l’éternité
L’écart des temps
Portant
Ta destinée
Hors du néant

GDB 18.06.88

Au soir venu

Au soir venu la brise baisse
Des moutons blancs déchirent le ciel
Au bleu pastel faiblissant

Cache cache la grosse lune blanche
Au mur clignote aveugle amante
De ton hamac au gré ballante

L’air s’enveloppe de fraîcheur
Tahiti Nui s’engourdit
Privée d’éclat par l’île sœur
Le cœur s’agite et l’œil fléchit

Les points du ciel brillant enfin
Vont t’aider à rêver demain

Au soir venu la brise laisse
Des moutons blancs accrocs du ciel
Au bleu pastel finissant

Dis-moi lumière pourquoi tu flanches

GDB 05.09.87 Papeete

Espace ensorcelant

La nostalgie
Qu’infuse
La musique de Chopin
Se complet
Dans le doux mouvement
De cette végétation exubérante
Bercée
Caressée
Par l’Alizé
En Polynésie
Le temps est insondable
Il ne défile pas
Rien n’est à rattraper
Seule se mesure
De ton corps l’usure
Elle ne se mesure pas
Elle est état
Cette nature est pure
Tous ses aspects perdurent
Se renouvellent à la pelle
Son espace t’ensorcelle

GDB Mitirapa
Dimanche 17 octobre 2021 14h30
Départ différé

Matahiva

L’heure est calme
L’air est doux
Le lagon serpente
Entre les bancs de sable
Terres de cocotiers
Tu positionnes les binocles
Au bout de ton nez
Le haut pour voire le paysage
Le bas pour le décrire
Sous le purau
Le sable est jonché
De fleurs orangées
Au fond de la vue
Un mystérieux labyrinthe
Où les dégradés de vert et bleu
De l’eau et de la Terre
Se défient
Cette eau limpide
Bien qu’un peu laiteuse
Trompe l’insipide
Comme fait la gueuse
Dans ces temps
De guerres d’avant
Matahiva est la
Pour un peu vivre à plat
Insolent cocotier
Totalement immobile
Dans le silence pesant
Du crépuscule venant
Sais-tu ce que tu files
Dans ton rouet béant
Peut-être l’inutile
Richesse
Sans pareil
Hisse tes fesses
Au ciel

GDB Matahiva 24 avril 2021 – 16h30

L’effilement du temps

Le feu du ciel s’éloigne
Brûlent encore quelques nuages
La lumière en témoigne
Au dessus du lagon sage
L’alizé frémit dans les cocotiers
Les motus s’estompent
Entre ciel et onde
Le vent et l’ocre de la Terre
Immobiles s’enfoncent
Dans le bleu de la nuit
Les toits multicolores
S’excusent de leur disparité
Qui ne saurait durer
Le soir égalise les effets
Il est douceur
Quand le jour se meure
Il est empire et cocon
Quand la nuit s’établit
Quelques volatiles esseulés
Tentent encore d’appeler
Leurs compagnes égarées

Ocres et camaïeux de verts
Envahissent l’espace
Combat quotidien perdu
Quand le rideau va tomber
Générant l’espoir
Des victoires
A venir
Quand la nuit envahit
Vient le temps
De l’anxiété
Et de la sérénité
Sérénité du jour vécu
Anxiété d’un jour de plus

Qu’y a-t-il de plus lumineux
Que le noir
Qu’y a-t-il de plus profond
Que le blanc
En ode tu magnifies
Les couleurs denses de ta presqu’ile
Bien sûr le temps s’effile
C’est mieux que l’arrêt pile

Mitirapa plateau

Vendredi 01-10-2010- vers12h

Le silence de la nuit

Dans le silence
Du début de nuit
L’atmosphère
Est peu délétère

C’est le moment
Où fuient
Les mauvaises prégnances

Rester en plan
Dans l’inhérence
N’est pas le but
De tes errances

Pauvres falaises
Percées de trous
Rivières de glaise
Paysages fous

Rien ne t’obsède
Lorsque tu plaides
A tire l’ire
Il est quelques conflits
Que tu ne peux gérer

Le silence en pluie
Restreint ton vol
Tant il a fait du bruit


Dans l’apparence
Du jour qui fuit
Belle bergère
Est restée ta Terre

C’est le roman
D’une vie
La chance en instance

Porter le blanc
Sans compétence
N’est pas conçu
Pour être stance

Drôles de malaises
Bercés de tout
Prières en thèses
Glaçages mous

Quelques bipèdes
Arachnides cèdent
Satyre lyre
Ne t’ont-ils empli
Pester n’est pas jouer

Une folle envie
Repeint ton sol
Quand la musique fuit

GDB Samedi 25 septembre 2021 20h

Iles aux récifs

GDB 14.09.2021 Rangiroa 13h30
 
Les répétitions de « petit » sont pour souligner l’immensité de cet univers

Filet d’eau

 

GDB 11.09.2021 Mitirapa 21h

Le ciel en feu

L’immense cocotier
Chargé de noix
Déchire le ciel
Au gris pastel
Finissant

La puissante
Bourrasque
Lasse
De ses frasques
S’est transformée
En brise du soir

Son reflet
Dans l’eau bleue
De la grande
Baignoire
S’estompe
Doucement

De la nuit
Attendrie
Tu attends
Le faux noir

Le paysage
En étendoir
Cherche la moire
Des yeux heureux
Dans l’âge sage
Presque peureux

Peu sarcophage
Au teint terreux
La nuit s’engage
Dans l’air laiteux

Le ciel est feu
Le vent
Debout


La terre
Se terre
Dans ses racines

 

Belle porcelaine
C’est une rose
Offre une aubaine
D’épaisseur fine
L’éther en pause
N’est pas en faire

Laisse l’ombre
S’avancer
Plus de trombes
Moins d’effets

Au sol
La végétation
Végète

En sol
L’impression
Se délecte

Les nuages gris
Ont conquis
Les crêtes

Restes-tu surpris
Des moments de conquêtes

Dans le linéaire
N’y aurait-il pas
De plis

Là tu exagères
Il resterait
L’oubli

 

GDB 22.08.2021 Mitirapa 17h30

Instants

Le silence
Broie
La lumière du matin
Il va perdre
Elle va gagner
L’immobilité
Des bougainvilliers
Dans cette végétation
Toujours en mouvement
Surprend
Mais ne va pas durer
Il faut en profiter
Pas un nuage
Peu de chants d’oiseaux
Il leur manque peut-être
Le vent
Ton corps
Est en suspend
Ton écriture
Un peu racornie
Ton mouvement de main
Manque encore d’ampleur
Rien n’existe
Hors l’espace instant
Garde-le
Précieusement
Même si
Cela n’est pas possible
L’autre arrive
Aussitôt

 

GDB Mitirapa 29 mai 2021 – 7h15