Lassitude

Sans avertir
Regarde
Comme est venu le soir
Brise à frémir
Prends garde
Comme est présent le noir

Samba guide mes pas
J’ai l’âme carioca
Mais le tempo s’en va
Dis-moi pourquoi j’ai froid

Tu te prends à swinguer
Au rythme des perçus
Tu ne peux que rêver
D’entrer dans le vécu

L’abîme est toujours noir
J’accouche d’un têtard
Dont la métamorphose
Reste rêve morose

Comment fixer de mots
L’univers qui t’agresse
Comment dompter l’écho
Des béantes détresses

Cogne cogne mon stress
Au miroir des espoirs
Hisse hisse mes fesses
Je n’ai rien dit ce soir

Sans avertir
Prends garde
Comme est venu le soir
Brise à frémir
Regarde
Comme est présent le noir

 

 

 

Ton regard s’est fermé
Je ne suis plus pressé

 

Bienfaisante lassitude
Au soir des mers du Sud
Tu calmes le chenal
Où va mon cœur fanal

 

Ses frêles sibilances
Laissent place au silence

 

 

 

GDB 04.12.86 Papeete 22h

Court Zénith

Le lent bilan du court zénith
N’en finit pas de t’apeurer
Ridicules apogées
De tes fantasmes en rut

Rien n’existe hors le rythme
Il vanifie tes luttes
Il magnifie l’instant
Seul vrai repère du temps

Le zénith te quitte
As-tu perdu le rythme

Attends-la sur la grève
Où s’échouent les vies brèves
Elle viendra résignée
Dans tes bras se lover
Quand adviendra l’instant terrible
Le plus tard possible

Le lent bilan du court zénith
N’en finit pas de t’animer
Que signifieraient nos essais
S’ils ne magnifiaient pas nos fuites

 

GDB 19.06.85

Dérives

La la
La la
La là
La las

Dérives en la
Es-tu si las
L’extase
Emphase
Repousse là en la
Toux contenue
Concert révolu
Image sûre
De son écoute mûre

Gestes divins
Temps en suspension
Tapez en touches
Fines et fermes
Lentes et fortes
Vives comme eaux
En torrents de plaisir

Disert et différé
Offert comme faux
D’éclairs en coupes franches
Cherche à prendre le mors

 


Étanche autant que suinte
Nature appelle feinte

Extase
Au chant
Autant
Que puisse

Presse
Agresse
Amour
En cours
Sans fesse naissent
Les plaisirs
Martyres
Des rangées
De banalités

Le rêve accompli
Au-delà défait
L’instant fini
Sans oser l’arrêter

Fureurs et fuites
En grappes détruites
Pressent en nuit
L’amour d’autre huis

 

GDB 11.03.92 10h30

Couleurs

Parlons du blanc
Sais-tu qui l’attend
La couleur fait le temps
Est-elle de l’enfant

Parlons du noir
Sais-tu s’il fait foire
Qu’en est-il de l’espoir
Dans ton regard la moire

La couleuvre s’étire
Son regard est en mire
Inoffensive elle tire
Tes idées hors du pire

Parlons du bleu
La couleur qui t’émeut
Gardienne de tes feux
Brûlure de tes peus

Parlons du triste
Apologie de liste
Des peurs que tu dépistes
D’amours de beaux balistes


Parlons des riens
De tes tous petits biens
De ceux qui te font lien
Qui sait à quoi tu tiens

Il se pourrait
Que ce que tu écris
Ne soit rien
Tu essaies d’être
Dans la musique
De l’écriture
Etre n’est pas un état stable
Il faut sans cesse
Construire la fable
L’ennui
C’est la nuit
Quand l’âge baisse
Vivre vieux
Ce n’est pas grave

Mais

Vieillir…

 

GDB  Nice jeudi 15 décembre 2011  23h30

Jeux d’eaux

A lire en compagnie de Water Music de Haydn

Jardins seyants
A fontaines pleines
Bels gens
Et pimprenelles
Le vert et l’eau
En harmonie
Pelouses rases et riches
Bosquets taillés
De buis en épines douces
Et buissons où l’on trouve
Perruques et belles cannes
Ports altiers
Autours festifs
Le temps déroulait ses harmonies
Sous le soleil du roi Louis
Qu’aurais-tu fait
En jouvenceau
Cerné de belles jouvencelles
Qu’écraser le trèfle
Et verdir ton habit
En plantant tes ergots
L’eau gicle
Et puis coule
Dessins de hauts de faisceaux
Et ruissellements

Menuets
Si tu es
Temps
Répertoriés
Chaque instant
Est attrait
Le pré
Est royauté
L’état
Est asséné
Le moment
Est monument
Gaieté
Mesuré
Et sérénité
Apprêtée
Sont le lien
D’un vivant
Qui vient bien
Et s’apprend
Il n’est rien de fêlé
En bonne royauté
Tout est dit
Mêmes sens du pli

 

Taravao
Vendredi 4 septembre 2009– 22h- Haydn Water Music

Satanique



Toahotu, le mardi 08 mars 2011
Avec l’accordéon

La césure du temps

Le silence pesant
De fin d’après-midi
Chaleur sans vent
Sur la tête appuient
Les marches caracolent
Encore quelques oiseaux piaillent
L’étau du soir aux tropiques
Se resserre
Bel étau
Que tu vénères
Il ne sert que le temps
Pour dire comme il est lent
Quand il t’accepte
Et que tu le prends
N’est-ce que concept
Où thème épique
Laisse le rideau bouger
Au gré du vent


Le silence n’est pesant
Que si tu ne l’entends pas
L’absolu de sa loi
Dépasse les fois
Penser
N’est pas jacter
Beaucoup
De faux gourous
Pardon
Aucun n’est vrai
S’appuient sur la naïveté
Mais
La pensée plurielle
Est un acte de survie
Respecter chaque acte
De la nature qui bouge
T’amènes au substrat
De la pensée critique

 

A ce stade tu sais qu’on va te demander quelles sont tes souffrances
Qui es-tu pour formuler de telles affirmations
Qui as-tu lu
Quelle est ta culture
Cela ne les regarde pas
Tu n’es pas
Pour parodier un grand ami
Un agouti de l’année
Il ne s’agit que de l’interdiction du perçu et du réalisé, sachant que ce dernier, pour quelques-uns passe au filtre de l’éventualité de la création, ce qui est imbécile, car le réalisé est de toutes façons création.
Tu vois bien à quel point tes élucubrations passées au filtre des « spécialités » pourront paraitre, voire être condamnées, comme naïves.
Nous sommes à l’intersection.
Tu seras par tes pairs considéré on vient de le dire comme naïf ou schizophrène ou bien tu seras entendu et l’on pourra commencer à chercher la césure du temps.
Il ne s’agit pas de dire qu’il ne passe pas ou qu’on peut le prolonger ou l’arrêter, mais de comprendre qu’il n’est pas linéaire dans la perception humaine.

GDB Mitirapa 26 avril 2013- 17h00

Minuscule

Paysage féroce
De douce stupeur
Bananiers figés
Cocotiers oubliés
Le soleil et sa lumière
S’en vont

L’établi mis en bière
Chaque soir
Dans sa moire
Hélicon

Vieillesses précoces
Infestées d’humeurs
Le vert s’arrondit
Le gris s’établit

Hors couleurs
Revient la peur
Mais elle est douce
La nuit la pousse

Le crépuscule n’est jamais
Minuscule

GDB Toahotu jeudi 17 mai 2014 17h00

Le violon du poète

Avec la puissance du paysage
Revient celle de la musique
Que vient faire Beethoven
En Polynésie
Tu es de parti pris
L’oreille
Fonctionne mieux avec l’œil
Divine espace
Que créent les cordes du violon
L’objet n’est qu’un prolongement
De l’humaine qui l’arrime
Cette musique arrête
Non
Fixe
Le temps
Dans l’instant de plénitude
Tu n’es plus ni vivant ni mort
Mais une entité
Déployée par le son
Un arrêt sur image partagé
Avec celui qui l’a créé
Une plénitude de nostalgie
Qui relance la vie
Tu aurais aimé connaitre
L’extase du compositeur
Cherche celle du gribouilleur

GDB Toahotu
Vendredi 4 janvier 2013 11h avec Beethoven concerto en ré majeur

Sarabande

La rupture arrive quand elle part
Elle ne suit pas la voie des yeux
Elle s’articule en garde-fou
Tu ne fais pas ce que tu veux
L’espace son détend le temps
L’espace ton fait l’évent
Définir le souffle
Quelle histoire
Tu prends tes moufles
Sans espoir
Mais
Le bruit articulé s’incruste
Paix
Il est dans l’instant brusque
Puis
Il s’organise en nage fine
L’huis
S’ouvre s’il tapine
Doucement
L’éther
S’itère
Quand le sang
S’altère
Que demander à la vie
Hors l’arrêt
Du défilement
De nos effets
Même sanglants
L’excès
Est la moindre des choses
Blessé
Il te remet en hypnose
Il faudrait maintenant
Ne prendre que le temps
De décrire le beau
L’installer au plus haut
Se dire que la perception
Est le sommet de l’émotion
L’univers est en l’homme
Il est croquant comme pomme
Sans la femme
Il n’a pas d’âme
Car la terre
Repousse l’enfer
Tu t’ennuies de tout
Et ne renonces à rien
D’aucuns diraient
Que tu vieillis bien
Quelle vie de chien
Mais encore tu y tiens
GDB Mitirapa
Lundi 11 mai 2013- 18h
Avec Debussy