Brune Vahine

Liserés blancs
Crêtes brillantes
Des clapotis
Multipliés
Par la brise
Au soleil
Permanent

Brune vahiné
Onde accueillante
Tu nous protèges
Du feu des cieux
Du sable brun
Et des cortèges
De lents adieux
A nos chacun

Houle indolente
Vient à la rencontre
De nos corps
De sable bronzés
Douceur brûlante
Des éléments
Aux frontières enlacées

Houle insouciante
Invite à la fraîcheur
En berceau de langueur
Les amants ballottés
L’un de l’autre contre


Ainsi le sommeil vient
Sur la plage noire dorée
Au Royal Tahitien

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il est midi
Sur Tahiti

GDB 28.10.86

Douceur et flamboyance

La violence du soleil couchant
Sur le crépi blanc de la maison d’en face
Face au silence d’une route où rien ne passe
Et l’immobilité du vert
Qu’aucun souffle de vent n’altère
T’imprègne dans la contemplation des tilleuls
Dont aucune feuille ne bouge
Comme s’ils voulaient faire oublier
Qu’ils sont là
Guêpes et abeilles endormies
Dans une nature assagie
Avec au loin un bois de sapins
Découpé sur le ciel blanc bleu pur
T’amène à garder le goût de cette vie
Comme le roseau fâché quand il plie
Mais comment ne pas aimer les haies de ronces
Alors qu’elles ne sont qu’effets de mûres
Il a fallu attendre que la nature devienne tendre

Pour enfin retrouver
Les silences d’instant
Des pénombres absorbantes
Du temps quand il lui plait
D’activer les essences
Au soir quand tout est gai
Le ciel est étonné des absences de nuages
La brise a oublié qu’elle pouvait trop souffler
Vert blanc bleu dans la lumière du soir
Excitent le gris ardoise du sol composé
Quelques chiens aboient
Excités par la proximité de la chasse
Tu ne leur en veux pas
Leurs maitres orchestrent leur contrebasse
La douceur de l’heure
Rareté non programmée
Pourrait inviter à la déliquescence
Mais tu préfères l’effervescence

Au-delà de l’agilité du vocabulaire
Il y a les envies de l’en l’air
Le ciel devient bleu pâle pur
Avec quelques traces fines de nuages blancs
Tu n’arrives pas à te relire
Tu pourrais faire un effort
A demain

 

GDB La Mine Mardi 22 août 2017 20h00

The Spirit of Australia

Toujours un peu d’ailleurs
A observer les temps
Peuplés en autres gens
Et chercher les langueurs
Que ton état apprend

Vois-tu bien ces vaisseaux
Conteneurs brasseurs d‘ air
Rédempteurs de héros
Ou broyeurs de chimères
Que ton instant défend

De lieux en caractères
Pourfends le courant d’air
Qui t’aspire en ton sang

Des mélodies célestes
Planantes au vol lourd
De résurgents incestes
Entends gronder l’autour

Au profond azur bleu
D’où ressurgit la nuit
Cherche où se crée l’aurore
Vis dans la crainte heureux
En d’accueillants abords
Là-bas le soleil luit

GDB 25.12.87 15h heure locale en Transit à Sydney

Le vol de la frégate

Frégate
A l’ample vol
Au ciel
Bleu à casser
Bien que blanc
Du matin doré
Voit du ban
De son envergure

L’homme au pesant licol
Jaloux de son aventure

Frégate
Au ciel sondé
Consciente de son rôle
Accroche ton regard
Aux caresses d’Eole

L’air est à l’idée folle
En gerbe des désirs
En herbe du plaisir
Sa pâmoison t’attire

Ample et blasée d’offrir
Elle appelle à bleuir
Aux nuées du matin
Les faire du destin

GDB 31.03.92

Rupture de rythme

Quand le rythme établi n’est plus ce que l’on sent
Quand il faut de rupture retrouver l’harmonie
Quand tu n’as rien à dire et que cela s’entend
Cultive tes silences avec parcimonie

Ce qui est dit l’est-il ce qui ne l’est peut l’être
Qui saura se soucier de ce qui pourrait naître
Chacun ne veut entendre que ce qu’il voudrait dire
Rien en toi ne t’attire hors ce qui peut sortir

Qui te fait résonner doit se sauver bien vite
N’accorder qu’un sourire aux démons qui t’habitent

Gardez chacun vos pleurs pour votre solitude
Vous avez pour survivre vos siècles d’habitude

Tu ne peux être ailleurs que dans la peau des autres
Ce n’est pas une raison pour que tu t’y vautres

Qu’y a-t-il dans les mots que tu n’as pas appris
Qu’y a-t-il dans tes mots que tu n’as pas compris
Qu’y a-t-il dans ton être que tu n’as pas senti

Tout ce qu’elle a su lire que tu n’as pas écrit

Que dis-je bien plus encore
De ton discours l’être hilarant sort

 

GDB 16.10.86

Retour de La Baule

La peur
De ne pas vivre
Assez pour en parler

L’horreur
Que les missives
Ne soient répertoriées

La fleur
Quand on se livre
S’éreinte d’enivrée

Le pleur
Sanglot que vive
S’engourdit dans l’ivraie

Contons
Encore la rose
Cueillie si bien éclose

Comptons
La peur au ventre
Les replis de ton antre

Contons
Comptons encore
Sur les jours à l’effort
Les beaux arrêts du temps
Balayés par l’évent

Les cœurs si forts pourtant
Éclatés comme balle
Échappée du palan
Au dessus de la halle

Contons
Comptons encore
Les plaisirs à venir
Échappant comme fuir
Au futur salvateur

Entends confiteor
Cet oiseau qui se meure
Des cages à son humeur
Qu’il a voulu autour
Des cassures des amours

Contons
Comptons encore
La douleur s’effile
Tranchante mais fragile
S’apaisant à l’accord
Des images dactyles
De ce piano si fort
Du jeu réglé des corps
En synchronie des styles


Accords
Accordez donc
Vos effets différés
Aux souvenirs longs
Qu’ils se sont aliénés

Contons
Comptons encore
Les tables alignées
Par leurs regards furtifs
Le soir à la criée

Contons
Comptons encore
La plage apeurée
Par leur chemin festif
De plaisir différé

Contons
Comptons encore
Les chalands arasant
L’eau noire du marais
Porteurs de destinées
D’exigences d’amants

Complices à loisir
Les éléments guettaient

Contons
Comptons encore
La narration rassure
Et le calcul apure
A l’âme affleure le vague
Dans l’ombre de la drague

Contons
Comptons encore
La fuite des instants
Et leur arrêt vivant
Quand toute aura s’en va
Hurlement d’amertume
D’un jour sans écume
Séculier à son bras
Singulier comme toit
De roseaux agrégats

Attends
Ne comptons plus
Contons-nous notre joie
Apogée de nos mues
Aliment de nos fois
Oublions les frimas
De nos terres anciennes
Ce lopin est à toi
Fais ce qu’il en advienne

GDB 28.03.97 Retour de La Baule

Jouissance fine

Les temps portants n’ont plus goût d’âcre
Construis le texte autour du chant
Saisis de l’onde rémanente
L’état d’essence flottante au soir

L’herbe verte de vie
Des prés gourds de soleil
Devient bleue sous la brise
Lorsque le jour s’allonge

Elle caresse nos échines
Cambrées de jouissance fine

Voici venu le temps du songe
Que les lumières au loin balisent
Sur les collines en sommeil
Si doucement s’en va la vie

L’état des sens flottants au soir
Saisis de l’onde rémanente
Construit le texte autour du champ
Les temps portants n’ont plus goût d’âcre …

 

GDB 03.07.87  Orcines

Semnoz

Soleil d’automne
Deux coeurs frissonnent
Du froid silence
De ta brillance

Soleil aumône
Vivace et douce
Comme madone
En lune rousse

Soleil sans faim
Traçant l’épure
D’un ciel sans tain
Ni chevelure

Cassante et tendre
Facile à prendre
En lassitude
La vie s’élude

Soleil fragile
Rayons dactyles
Sur le mont roue
Pose sa joue

Soleil peu terne
Eclats en berne
Cherche la cache
D’horizons lâches

Soleil succinct
Comme tocsin
Soudain s’empreint
De ton câlin

Soleil d’étole
Que la luciole
Couvre et s’affole
Quand moineau piaule

Soleil d’avis
Perdure le lit
Quel défi
Au bleu sali

Soleil habile
Comme s’effilent
Les jours amours
Aux doux contours

Soleil poterne
A qui te berne
Quand les mots mâchent
Comme vie hache

Soleil lanterne
En bout de gare
Un prix décerne
A tes retards

Soleil emblème
De nos regards
Droits en dilemme
Des jours fanfare

Vivons nos sens
Seuls et immenses
Roule et déroule
Le temps s’écoule

Soleil ce soir
En notre espoir
Porte le noir
Ou bien la moire

Choix sibyllin
Lueurs enfin
Avez-vous fin
Avais-tu faim

Soleil d’automne
Froide brillance
Deux cœurs résonnent
De doux silence

Soleil d’automne
Douce brillance
Deux cœurs résonnent
De froid silence

Satie Gnossienne n°3
GDB 30.10.97 15h30

Jeux d’eau

La Saône vagabonde
Au gré de ses niveaux
Elle s’étend elle inonde
Prés et champs pétris d’eau

Paysage de faux lacs
Construit de ses jeux d’eau
Dans la vallée se plaque
Par dessus les enclos

Un vol de grandes grues
Se déploie près d’un bois
Une image inconnue
Sonde en songe l’émoi

Le gris du ciel noircit
Des bourrasques de pluie

L’aube a vaincu la nuit
Mais qui donc s’en soucie

Si noires
Percluses d’espoir
Les aisselles
Flagellent
Les cuirs en reposoir
Où flageolent nos sens


Des lyres
Rompues au soir
Délirent
D’onde illusoire

L’air cherche le silence
Des heures définitives
Accroché fort aux berges
Rives autant que fictives

Et le regard diverge
Du macadam bis

Comme aigri des lumières
Que diffuse la terre

Comme est gris un ciel clair
Quand le bleu s’affadit

Comme est morne lumière
Qui ne sait pour qui luit

Comme est terne manant
Qui ne sait pour qui prend

GDB 02.12.96