Jour et nuit

Soudain
Le jour part en nouilles
La nuit l’écrabouille
Non ça c’est à Tahiti
Ici
Le jour est poli
Il invite doucement la nuit
A partager son lit
Elle hésite
Surtout aujourd’hui
Ou aucun gris
N’est dans le ciel
Il devient couleur miel
Il jaunit
Il pâlit
La lumière s’ennuie
Les couleurs sont un peu fauves
En attente de gris
De gris pâle
Puis plus bleuté
Pour se fondre
Dans l’ardoise des toits
Que voulez-vous
Que je m’en aille


Le mécanisme
Se cassera tout seul
Je suis chez moi
J’aime ces moments-là
La semaine qui vient
Jusqu’à sa fin
Est-elle un teste amant
Décrire
La beauté de l’instant
Férir
Même dans les relents
Mûrir
Dans cinq continents
Il en manque
Le monde n’est pas l’homme
L’univers se construit
Dans le plaisir de nos manques
Peut-être reste-t-il somme
De nos actes en pluie
Regarde quand tu le peux
La vanité de nos feux
Plénifie l’instant
Et garde ton élan
La vie est un jeu

Vive le je

GDB La Mine 06 juillet 2015 22h00

Combat

D’abord
Il y a l’effort
Encore
Connais-tu ses abords
Tu es dans ta maison
Cela n’est pas raison
Quel endroit
N’aboie pas
Sur les bords
De l’abord
Tu es posé
Plus ou moins las
Sur la rosée
Des matins bas
Tu es l’ainé
D’enfants en tas
Presque étonné
De tes fatras
Ce qu’il te plait
N’est pas ton plat


D’accord
Il y a les forts
Pléthore
Sont les records
Tu aimes les saisons
Et leurs fenaisons
Qui est de droit
Ne ploie pas
Cherche l’accord
Il est retors
Flagellés
D’effets de bas
Les retombées
De nos ébats
Sont peu aimées
Il faut bien mettre bas
Autour des champs de blé
Tu as donné le la
Ce n’était pas l’été
Garde ton combat

 

GDB La Mine Lundi 02 octobre 2017 vers 22 heures

La liberté du choix

La dégénérescence
De la société
S’accomplit
Sous la fluorescence
Des idées démontées
Il convient de tenir compte de trois états
Les nantis des pays évolués
La pauvreté de beaucoup de pays (non) émergents
L’état de guerre et de terrorisme que créent les deux premiers états
La solution religion à laquelle s’accroche la majorité de la société
Envoie tout le monde dans le mur
Aimer sa descendance
Devient une source d’inquiétude profonde
L’humanisme
Berceau de douceur
De compréhension
La tentative de vivre ensemble
S’estompe
Il semblerait
Que nous n’avons pas su éduquer nos enfants
Pour qu’ils comprennent que la liberté
C’est la liberté du choix
Tu as du mal
A te reconnaitre dans ton pays
Notre puissance d’absorption de toutes les ethnies diminue
Nous sommes de plus en plus aliénés aux économies de guerre
La vie en France reste douce
Mais déjà dans un climat délétère
Nous sommes des enfants gâtés
Les répercussions de cette morosité injustifiée
Sont à l’échelle mondiale
Nous ne sommes plus assez
Dans le camp de l’apaisement

GDB Mitirapa Jeudi 20 avril 2017 18h45

Silence rond

Le vent s’est arrêté
Comme le temps
La clarté terne
De ce beau jour
De décembre
Imprègne l’alentour
Des belles lueurs
De l’ambre
Quelques corbeaux
Croassent
Les grives aussi s’agitent
Chacun veut faire sa place
Au-delà de son gite
Le temps s’est apprêté
Quand le vent s’en est allé
En fond
Le silence rompt
Les champs(chants)
D’éternité
La lumière fragile
En cet après-midi d’hiver
Comme douceur dactyle
Prend le temps à revers
Quand tout est immobile
Tu cesses de vieillir
Il reste l’indélébile
Qui s’efface en crue


Le temps a continué
Il s’arrête tout le temps
Chaque instant te berne
De phrases en toujours
L’éternité en est pleine
Le moment que tu prends
Dans le silence blanc
Un peu déchiqueté
Par de grosses voix de chiens
Au loin
Basses et grondantes
Comme si de guerre lasse
Elles ne faisaient plus face
La maison dénudée
Accomplit son ampleur
Massive et élégante
Elle fait ce qui lui plait
Quand elle choisit
 

Son heurt
 

Son heur
 

Son heure

 

GDB 15 décembre 2021
La Mine 16h

Amazonie

Il ne se passait rien
Le bateau avançait
L’air n’était plein de rien
L’Amazone se consommait
Bien sûr
Trois cents hamacs
Ça balance plus qu’un
Air pur
Du vent
Pas de carcan
Le marron agresse chacun
Nous cherchions un peu le lien
Les rives défilaient
Les angles d’univers perdus
Agressaient nos pertes de vue
Le bateau et l’atmosphère ronronnaient
L’immensité était actée
Qui étions-nous
Que devenions-nous
Rien qu’êtres effleurant
De nos vies les jours restants
Nos solitudes gaies
Devraient défrayer
La chronique unique
Des orateurs qui piquent


Prenons notre temps
Avant qu’il ne fuie trop
Apologie du geste d’avant
Que viennent les remords en pluie
Nous voguions sur beaucoup d’eau
Elle n’était pas sauvage
Elle n’enclenchait pas de nuage
L’Amazone en faux paisible
Est le monde et sa cible
Les traces de civilisation
Au bord du fleuve
S’excusent presque d’exister
Et pourtant, point de forêt
Que des terres
Qui ont été domestiquées
Où se trouve la morale
Tous les arguments sont pâles
Ce continent
Quand il y consent
Te ressent
Tu espères
Que l’homme ne le vaincra pas
Tu as beaucoup aimé l’Amazonie
Dans ce qu’elle a d’indéfini
Et surtout d’inintégrale

 

GDB Mantega 2018-11-19 20 heures

Départ

Arrive le départ
Et ses larmes en pluie
Angoissant est l’écart
A l’habitude vie


Sous l’insolent soleil
De ce matin si blême
La souffrance en éveil
Des clartés agrandie
Perçoit l’ombre d’oubli

Déjà las dans ton âme
Le passé mêle au drame
Les instants envolés




Adieu
A ceux qui t’aiment
A Tahiti Nui
A Moorea la belle


Hauts les cœurs délaissés
Désertes citadelles
Enfoncées dans les cieux
A ceux qui t’aiment
Adieu

Infidèles instants
Ta bonne étoile filants
Accrochée comme une ancre
Aux pieuvres des émois
Crachotent à flots l’encre
Sur tous tes désarrois

Dilemme
Il faut bien que tu l’aimes
Comme chaque poème
Hurlant l’éternité
L’écart des temps
Portant
Ta destinée
Hors du néant

GDB 18.06.88

Vent d’autan

Quand le saule pleure au vent d’autan
Plus que l’automne arrive avant
Que les feuilles aient fini leur temps
Aime la vie dans tous ses sangs

Quand le saule tire au vent cinglant
Ses fines branches à bout portant
Vers les espaces à contrechamp
D’odeurs d’éther courent à relent
Les univers faits de tes chants

Quand le saule pleure au vent d’autant
Plus fou encore qu’on ne l’entend
Quand les feuilles de finir leur temps
N’en finissent par leurs bruissements
De déchainer tes coups de sang

Entends l’appel des temps contents
D’animer à retardement
Tes naissances d’enterrements
De la terre naissent les sarments
Brisés volés au vent d’autan

Plus que l’automne arrive avant
Mutant d’autant plus qu’écoutant
Des gens perclus de par leurs sangs
Floué brisé mais résurgent
Laisse ton être être important

Quand le saule pleure au vent d’autan
Plus que l’automne arrive avant
Que les feuilles aient fini leur temps
Sème la vie en tous tes sangs

GDB 03.09.88

Apologie du discours

La vie est bien plus longue
Que tous vos soirs tristes
N’avez-vous pas goûté
A la sérénité

L’idée est aliénée
Par la rime oblongue
Si vous voulez cibler
Réglez donc vos balistes

Aucun discours
N’est excusé
Par sa brièveté

Rêves d’amour
Mots enflammés
Ne nous faites pas chier

Ne cherchez pas
Ici ni là
Qui vous fait résonner

Entendez
De vos chants
Monter
Le rythme lent

La vie est bien plus brève
Que tous vos matins gais
Chacune de vos trêves
Est un moment flingué

Rêves d’autour
Mots enlacés
Ne nous faites pas nier


Au point du jour
Presque éveillé
Prenez donc votre pied


Rêves d’atours
Mots enlisés
Qui nous faites pâlir


Dans les contours
De vos faces plissées
Le bonheur est à lire

La vie est bien plus rien
Que tout le vide autour


Il faut y être bien
Au moulin comme au four


La vie est bien plus dense
Que l’univers insense



Rêve d’azur
Qui te rassure
A chaque instant mordant


Au coin d’un banc
Encore enfant
Découvre- le amant

Que nous faut-il de courage
Pour alimenter nos rages

 

 

GDB 18.03.87 Papeete

Chanson d’images

Un soir d’été froid
Après la rage
Pour combattre l’effroi
Chanson d’images

Premier couplet

Et la colère ma mère
L’avez-vous bien vu faire
Elle voulait t’apaiser
Tu n’as su la garder
Elle retomba tôt triste
Aussi froide qu’un christ

Refrain … long

Tu t’es fait enfler
Tu ne voulais qu’aimer
Il reste la pitié
Des sentiments passés
Protubérance ou kyste
Au milieu de la piste
Du pas de deux du clown triste
Amère extase de l’artiste
Tu t’es fait enfler
Tu ne voulais qu’aimer
Il reste l’âpreté
Des sentiments prêtés
A ceux qui n’en ont pas
Tu les salues bien bas


Deuxième couplet

Et la colère pubère
Celle de l’âge ingrat
Celle qu’on vole au fat
Et que l’on vous préfère
Aux merdeux agrégats
De saines éphémères

Troisième couplet

Et ta colère pervers
Celle de tes adultères
Celle que tu n’as pas
Que tu prends corps à bras
Lorsque tu l’oblitères
Magicadabrabra

Quatrième couplet

Et la douleur mon père
Celle qui saigne à bois vert
Déchiqueté d’échardes
A nos pensées bâtardes
A sa sève qui peut
Assassin d’être heureux

Cinquième couplet

Et la douleur mon frère
Celle qui coule à l’envers
Du décor de l’enfer
Prête comme vache à braire
Aux coupures de l’éther
A repasser le faire

GDB 27.06.88 La Mine 21 heures

Pays noyonnais

Un peu pliées
D’un nouvel état
Un peu normées
D’un contour ingrat

Au goût de l’amertume
Chantent les brumes
Des terres arrachées
Au pays où tu crées

Des peupliers
Plantés las en tas
Accrochent le regard
Posé à tout hasard
Au-delà des états

Coquelicot d’automne
Aux champs de blé qu’il peut
Rouge ton cœur frissonne
Des soleils des yeux
Posés à tout hasard
Aux croisées des regards
Qui oublient de porter
Leurs éclats surannés
Sur les lunes enfouies
Dans tes manteaux de bruit

Effets tiroirs fanés
De tes miroirs usés
A la grisaille
Du détail


Silice plus lissée
Que le fil du temps
Ton âme dévidée
Crisse au rouet béant

Un peu grisé
Pas plus qu’il n’est séant
Bien peu lassé
Des visages d’enfants

Fou dedans
Tu fais le mort au vent
Un peu liées
Des frasques de ton cœur
Tes mains s’ouvrent à demeure

Enracinées
Aux poches des labeurs
Un peu plié
D’un nouvel état
Un peu normé
D’un retour ingrat
Au goût de l’amertume
Chante les brumes
De tes terres arraché
Au pays noyonnais

 

 

 

GDB 30.09.88 Noyon

Extase étale

 

GDB 19.03.1992 Punaauia Tahiti
Beethoven, 5ème concerto Claudio Arau

Infortune

De toi
Qu’as-tu compris ?

Sur les sommets incandescents
D’incohérences surmontées
Il reste la flaque infime
D’où naît l’instantané reflet
Des plénitudes en leur cime
Et des bonheurs indécents

Un peu
Ou bien c’est trop
Trouve-la
Mais ne cherche pas

Elle est l’anti raison
Elle est l’anti folie
Tu la trouves jolie
Avant sa fenaison

Mais pour la moisson
Il faut prendre pension
Tu la voudrais au lit
Et tout est déjà dit

Les bonheurs sont légions
Centurions d’infortune
Chantez au clair de lune
Nos soirs de dérision

Elle est l’anti raison
Elle est l’anti folie
Tu la trouves jolie
Elle connaît la chanson

GDB 29.07.87
Papeete