Amer

Il reste un souffle de lumière
Quelques nuages
Bleu gris et rectilignes
Assènent l’immobilité du lagon

Quelques découpes
Bananiers
Cocotiers et manguiers
S’estompent

Il reste les crêtes
Tranchées dans l’air humide
La montagne s’ennuie
Du gris qui la conquiert

Avant l’absence d’univers

Terre ciel et mer sont l’amer
L’air figé du coucher
Tranche
Avec le son de l’accordéon

L’atmosphère
Aspire la mélodie
Sait-on où elle l’emmène
Reste-t-il des rives incertaines

A coup sûr

Dans ta tête qui s’entête
Pas de mur
Mais des havres de fête

Le bonheur se construit de bonne heure
Que dis-tu à la bonne heure
Juste avant qu’il ne meure
Il génère tes peurs
Il s’en va et revient
Rien ne le contraint
Même quand il s’éteint

Vénère l’étincelle
Elle est l’apologie du feu

GDB Mitirapa        Lundi 26 août 2013- vers 18h30

Vue sur cour

L’amplitude est instante
Bananiers
Cocotiers
Papayer
Arbre du voyageur
Bercés par l’alizée
Mettent en relief
Les bougainvillées proches
Le vent dérange peu
Les grands manguiers
Mémoire de la tranquillité sauvage
Du fenua
Découpeurs d’horizons trop purs
Sagesses d’équilibre
Puissants et nourriciers
Arbres et herbes folles
Complètent le décor
Il n’a pas besoin de toi
Il t’accepte comme il t’ ignore
Ne cherche pas à le séduire
Reste dans la contemplation
Décris le mieux
Fais l’effort auquel il cherche à te contraindre
Ce n’est que ce que tu crois
Tu n’es qu’un fétu de… papayer
Bercé par les alizées

GDB Toahotu
Vendredi 4 janvier 2013 11h30
avec Mendelssohn, concerto pour violon en mi mineur

Haapiti

Ciel et lagon laiteux
Balayés par le vent

Un long filet d’écume
Te fait suivre des yeux
La barrière de corail

Une fine épaisseur
De bleu plus profond
Pour ne pas oublier
L’infini Pacifique
Perclus de blancs et gris

Aucune aspérité
Airs et eaux fluides
Plus près quelques nuages
En strass de gris bleu

Clapotis du lagon
De sable mordoré
Au loin le grondement
Des vagues sur le tombant

L’heure est-elle à l’éveil
Des vapeurs nostalgiques
Le temps suspend le temps
Des vents en mouvement

D’instants le ciel se fend
De quelques dégradés
En camaïeux de verts
Gourds de limpidité


Serait-il difficile
De prendre la mesure
De toute la démesure
De l’Océan fissile

Sternes et aigrettes
Chassent le vivant
Dans l’eau transparente
Du bord de plage

Dans la transparence de l’eau
Se délectent les coraux
Sur fond de sable blanc

Les puraus
Jettent leurs ombres
Quand le soleil paraît
Sur l’eau scintillante

Les cocotiers aussi
Penchés sur le lagon
Font part de leur tristesse
Et de leur allégresse

Un bateau dans la passe
Un surfeur sur la lame
L’instant est au présent
Il ne sait rien faire d’autre

Haapiti 08 mars 2021 12h

Marées

Commencer, retrouver les sens
Avancer à pas lents
Dans l’univers des songes vivants
Conserver à distance
Le halo lumineux
Des portes quotidiennes
Du retour au jour le jour
Tu es ce soir heureux

Du bonheur d’où qu’il vienne
Toujours fou est l’amour

Vie fleur de beauté
Aime sa fragilité

Belle contemplée gracile
De tes pensées dactyles
Tu vis frémir sa chair
Dans la pénombre pénétrante
Où elle attend amante
Ton passage éphémère

Vivre léger
Délesté du temps
Des sinuosités
Vénérer les tournants
N’en négliger aucun
Au milieu de chacun
Découvrir le suivant

Et de sérénité
Défier l’éternité


Prolonger, retrouver l’essence
L’incruster à pas lourds
Dans l’envers du décor du temps
Eclairer à distance
Le chemin hasardeux
Pavé de pierres lourdes
De nos retours peureux
A la rupture du temps

Du bonheur d’où qu’il sourde
Toujours fou est l’amour

Vie claire de beauté
Aime sa limpidité

Belle admirée captive
De tes pensées ruptives
Tu vis faiblir ses chaînes
Dans la pénombre pénétrante
Où elle attend patiente
Que la vague t’entraîne

Vivre inquiet
Apeuré du temps
Des sinuosités
Détester les tournants
N’en accepter aucun
Au milieu de chacun
Contester le suivant

Et par l’anxiété
Défier l’éternité

GDB 03.12.86