Seconde altière


Un peu
Du temps vieux
Est revenu
Un vœu
Même pieu
Peu retenu
La lumière
Dehors
Et dedans
Les torts
Et les temps
Altière
Est la seconde
Qui courait sa ronde
La lumière
Est entière

Le feu
Celui des cieux
T’a-t-il plu
Un nœud
Un lieu
Même ténu
La terre est fière
D’abord
Près l’étang
Les forts
Ont le sang
Bestiaire
Est faconde
Aime la trombe
Rodomontade
N’est jamais fade

 

Taravao
Dimanche 05-07-2010- 16h

Sanglot

Le sanglot s’est figé
A l’écoute insolite
Du moteur à l’excès
Cisaillant l’herbe douce

 

S’est figé seulement

Il reste à inspirer
A dépasser le spasme
Et retrouver les larmes
Même sans rien à pleurer

A l’écoute arrêtée
De ce sabreur de vert
Le silence en retour
Etait chargé d’odeur

Tu cherchais à périr
Ton nez te trahissait
Après l’ouïe perverse
Restait-t-il le doigté
 

Plus rien à oublier
Se poser à côté
Des frasques dérisoires
Des responsabilités

S’est figé seulement



Entends son débit gourd
Et prêt à submerger
L’îlot inventorié
A grand fracas d’amour
De ta vitalité

S’est figé seulement

Quel pied à grand tirant
D’eaux salées délaissées
Vas-tu pouvoir pétrir

 

S’est figé seulement

 

Pour mieux te contempler
Les sanglots sont hautains
N’allez pas vous tromper
A chercher la rigole
Qui ne sied à leur teint

Ouvrier séculier
Des espaces d’arrêt
Le temps bien comme il faut
Emporte ton écho


 

GDB 12.04.95

Jour et nuit

Soudain
Le jour part en nouilles
La nuit l’écrabouille
Non ça c’est à Tahiti
Ici
Le jour est poli
Il invite doucement la nuit
A partager son lit
Elle hésite
Surtout aujourd’hui
Ou aucun gris
N’est dans le ciel
Il devient couleur miel
Il jaunit
Il pâlit
La lumière s’ennuie
Les couleurs sont un peu fauves
En attente de gris
De gris pâle
Puis plus bleuté
Pour se fondre
Dans l’ardoise des toits
Que voulez-vous
Que je m’en aille


Le mécanisme
Se cassera tout seul
Je suis chez moi
J’aime ces moments-là
La semaine qui vient
Jusqu’à sa fin
Est-elle un teste amant
Décrire
La beauté de l’instant
Férir
Même dans les relents
Mûrir
Dans cinq continents
Il en manque
Le monde n’est pas l’homme
L’univers se construit
Dans le plaisir de nos manques
Peut-être reste-t-il somme
De nos actes en pluie
Regarde quand tu le peux
La vanité de nos feux
Plénifie l’instant
Et garde ton élan
La vie est un jeu

Vive le je

GDB La Mine 06 juillet 2015 22h00

Amazonie

Il ne se passait rien
Le bateau avançait
L’air n’était plein de rien
L’Amazone se consommait
Bien sûr
Trois cents hamacs
Ça balance plus qu’un
Air pur
Du vent
Pas de carcan
Le marron agresse chacun
Nous cherchions un peu le lien
Les rives défilaient
Les angles d’univers perdus
Agressaient nos pertes de vue
Le bateau et l’atmosphère ronronnaient
L’immensité était actée
Qui étions-nous
Que devenions-nous
Rien qu’êtres effleurant
De nos vies les jours restants
Nos solitudes gaies
Devraient défrayer
La chronique unique
Des orateurs qui piquent


Prenons notre temps
Avant qu’il ne fuie trop
Apologie du geste d’avant
Que viennent les remords en pluie
Nous voguions sur beaucoup d’eau
Elle n’était pas sauvage
Elle n’enclenchait pas de nuage
L’Amazone en faux paisible
Est le monde et sa cible
Les traces de civilisation
Au bord du fleuve
S’excusent presque d’exister
Et pourtant, point de forêt
Que des terres
Qui ont été domestiquées
Où se trouve la morale
Tous les arguments sont pâles
Ce continent
Quand il y consent
Te ressent
Tu espères
Que l’homme ne le vaincra pas
Tu as beaucoup aimé l’Amazonie
Dans ce qu’elle a d’indéfini
Et surtout d’inintégrale

 

GDB Mantega 2018-11-19 20 heures

Au soir venu

Au soir venu la brise baisse
Des moutons blancs déchirent le ciel
Au bleu pastel faiblissant

Cache cache la grosse lune blanche
Au mur clignote aveugle amante
De ton hamac au gré ballante

L’air s’enveloppe de fraîcheur
Tahiti Nui s’engourdit
Privée d’éclat par l’île sœur
Le cœur s’agite et l’œil fléchit

Les points du ciel brillant enfin
Vont t’aider à rêver demain

Au soir venu la brise laisse
Des moutons blancs accrocs du ciel
Au bleu pastel finissant

Dis-moi lumière pourquoi tu flanches

GDB 05.09.87 Papeete

Orange et gris

Quand domine le gris
Il estompe les plis
Le temps a peu d’allure
Il ronge l’écriture

Le ciel est laiteux
Nuages immobiles
Quelques dômes peureux
Traversent l’atmosphère

Les crêtes indélébiles
Sont cachées sous les cieux
Peu de vent faut-il en faire
L’heure n’est pas à l’en l’air

Une libellule
Rase l’eau chlorée
Rien à manger
Mais un miroir en beauté

Sans vent
Le liquide est un plan
Elle vient te voir
Puis elle repart

Tu n’as rien
A lui donner
Mais elle est lien
Des jours actés


Blancs
Oranges
Mauves
Rouges

Les bougainvillées
Dominent le tiare

 

Une douce pluie
Revient
En cercles sautillants
Sur l’eau de la piscine

Chaque volume de goutte
Définit la taille
Du cercle
Elles ne sont pas égales

La Nature
Est multiple
Sensitive
Furtive

Quand elle assène
Sa complexité
Bien au-delà
Du chant du laid

La Polynésie
Est un condensé
De la vie
Itérée

 

GDB     Mitirapa vendredi 27août 2021 vers 16h00

Eclat d’œil

Il s’agissait de noircir
Parce que l’humeur
Manquait d’heure

Aimer
Est-ce dans la durée
Même brève
Même trêve

Il s’agissait de ne rien dire
Et de savoir l’écrire

Tu aimes l’instant présent
Tu as peur de l’instant suivant

Un éclat d’œil
Sans que tu veuilles
Qu’il soit sans deuil

L’œil s’émerveille

Une belle est venue
Tu l’as reçue

Dans l’éperdue
Tout s’est perdu

GDB Mitirapa 10 mars 2014 vers 20h00

Voix et visages

Voix humaines
Bruits dominants
Personne n’est à la peine
Pas de revenant
L’endroit
Un peu narquois
Fixe les instantanés

Le soleil établi
Met l’atmosphère en pli
Regarde chaque visage
Il est mesure de l’âge
D’autres relais
Se créent

Qui est autour de quoi
En chacun se complet
La mesure d’effet
Tu te sens apeuré
Du trait interrompu
Tu n’as pas tout lu

L’interpellation
Au-delà des conventions
Suscite l’ictus
Pas de consensus
Brouhaha
A tout va

Fixe l’imprévu
Personne n’est reclus
Tout échappe à la vue
Mais pas ce qui n’est plus
Tu contournes la foule
C’est pour prendre la houle

Ils et elles jouent
Elles dansent

La culture de l’instant
Est aussi
Celle de l’oubli

Vivez en féerie
Posés dans son instance

GDB Faaone Journée récréative
Samedi 12 juin 2021 13h45

Le pont de Nantes

 

 

Le pont de Creil

Les bouges ombrés de vieilles bougies

Vouées aux cultes d’anciennes liturgies

Usées et frêles de flamme encore hardie

Flotte exotique sales et surannés

En rade du sommeil de rêves irradiée

Attendent de ton pas les craquements d’étais

Tous les beaux boutres bas penchés sur le rivage

Calés aux quais branlants de houle vagabonde

Mystérieux d’autant qu’en nuits de bas nuages

Dans l’éveil abhorré ton corps en songes sonde

Balbutient de conscience éprise de ravages

Allant au jour levé émousser sa faconde

GDB 20.01.89

Lassitude

Sans avertir
Regarde
Comme est venu le soir
Brise à frémir
Prends garde
Comme est présent le noir

Samba guide mes pas
J’ai l’âme carioca
Mais le tempo s’en va
Dis-moi pourquoi j’ai froid

Tu te prends à swinguer
Au rythme des perçus
Tu ne peux que rêver
D’entrer dans le vécu

L’abîme est toujours noir
J’accouche d’un têtard
Dont la métamorphose
Reste rêve morose

Comment fixer de mots
L’univers qui t’agresse
Comment dompter l’écho
Des béantes détresses

Cogne cogne mon stress
Au miroir des espoirs
Hisse hisse mes fesses
Je n’ai rien dit ce soir

Sans avertir
Prends garde
Comme est venu le soir
Brise à frémir
Regarde
Comme est présent le noir

 

 

 

Ton regard s’est fermé
Je ne suis plus pressé

 

Bienfaisante lassitude
Au soir des mers du Sud
Tu calmes le chenal
Où va mon cœur fanal

 

Ses frêles sibilances
Laissent place au silence

 

 

 

GDB 04.12.86 Papeete 22h

Couleurs

Parlons du blanc
Sais-tu qui l’attend
La couleur fait le temps
Est-elle de l’enfant

Parlons du noir
Sais-tu s’il fait foire
Qu’en est-il de l’espoir
Dans ton regard la moire

La couleuvre s’étire
Son regard est en mire
Inoffensive elle tire
Tes idées hors du pire

Parlons du bleu
La couleur qui t’émeut
Gardienne de tes feux
Brûlure de tes peus

Parlons du triste
Apologie de liste
Des peurs que tu dépistes
D’amours de beaux balistes


Parlons des riens
De tes tous petits biens
De ceux qui te font lien
Qui sait à quoi tu tiens

Il se pourrait
Que ce que tu écris
Ne soit rien
Tu essaies d’être
Dans la musique
De l’écriture
Etre n’est pas un état stable
Il faut sans cesse
Construire la fable
L’ennui
C’est la nuit
Quand l’âge baisse
Vivre vieux
Ce n’est pas grave

Mais

Vieillir…

 

GDB  Nice jeudi 15 décembre 2011  23h30

Jeux d’eaux

A lire en compagnie de Water Music de Haydn

Jardins seyants
A fontaines pleines
Bels gens
Et pimprenelles
Le vert et l’eau
En harmonie
Pelouses rases et riches
Bosquets taillés
De buis en épines douces
Et buissons où l’on trouve
Perruques et belles cannes
Ports altiers
Autours festifs
Le temps déroulait ses harmonies
Sous le soleil du roi Louis
Qu’aurais-tu fait
En jouvenceau
Cerné de belles jouvencelles
Qu’écraser le trèfle
Et verdir ton habit
En plantant tes ergots
L’eau gicle
Et puis coule
Dessins de hauts de faisceaux
Et ruissellements

Menuets
Si tu es
Temps
Répertoriés
Chaque instant
Est attrait
Le pré
Est royauté
L’état
Est asséné
Le moment
Est monument
Gaieté
Mesuré
Et sérénité
Apprêtée
Sont le lien
D’un vivant
Qui vient bien
Et s’apprend
Il n’est rien de fêlé
En bonne royauté
Tout est dit
Mêmes sens du pli

 

Taravao
Vendredi 4 septembre 2009– 22h- Haydn Water Music

Minuscule

Paysage féroce
De douce stupeur
Bananiers figés
Cocotiers oubliés
Le soleil et sa lumière
S’en vont

L’établi mis en bière
Chaque soir
Dans sa moire
Hélicon

Vieillesses précoces
Infestées d’humeurs
Le vert s’arrondit
Le gris s’établit

Hors couleurs
Revient la peur
Mais elle est douce
La nuit la pousse

Le crépuscule n’est jamais
Minuscule

GDB Toahotu jeudi 17 mai 2014 17h00