Reliefs en eaux

Un ru
Rugissant
Dans le relief
Descendant
Un pont
Surprenant
Dans le désert
De roches
Qu’y a-t-il
De plus beau
Que le bruissement
Du ruisseau
Dans la roche blanche

Il y avait la vie
Dans le temps arrêté
Où plus rien ne plie
Pas même la hanche
Dont le frémissement
N’accepte pas l’étanche
Des moments apprêtés

Du ru
As-tu vu
Le haut
Du but
Retrouveras-tu
L’écho

GDB 19-01-2022 Mantega 18h

Ecrire

Bien sûr
Mais quoi

La vie
Les sensations
Les émotions
Le temps qui passe
Et qu’ainsi l’on croit
Distraire
De sa marche inexorable

Et comment
Comment canaliser
Dompter
Décrire
Ce bouillonnement
Ces flots
Qui montent et claquent
Aux parois de verre opaque
Et dur qui séparent
Les mots
Des sensations

Écrire
Décrire
Décrire pour conserver
Écrire pour dépasser

L’horloge solitaire
Dans le silence feutré
De cet après-midi
D’automne
Prolonge
Le temps suspendu
A la douceur de la brise

La chaleur fragile
D’un soleil fatigué
D’une année de brillance
Irradie ton cœur triste
Et las de sa souffrance

La solitude
Immense
Alourdit
Ton fardeau
Mais tu existes
Et tu existeras
Aussi longtemps
Que de ton rêve
Tu ne seras pas
Arraché

Va
Vogue
Et brave la tempête
Ton bateau ivre
Avance
Et flotte ou coule
Mais ne reste pas là
En rade
De ta naissance

 

Tu n’as pour toi
Que le courage
De ta coque de bois tendre
 

Tu n’as pour être
Que ton mouvement

Qui t’arrête
Te dissout
Dans la brume
Du temps

Prolonge
Ton errance

GDB 15.11.81 La Mine

Acacias au vent

Longtemps
Tu ne les as pas vu
Acacias
Ancrés dans le vent

Calme
Au matin souvent
Mais fou
Au dedans

Longtemps
Il ne t’a pas vu
Mais le Midi
A le temps

Tourterelles
Et mouettes
Font la fête
A son vent

Acacias
En faux rang
Plient vibrent
Ils sont le temps

De leur échine souple
Apparence ondulante
Font la joue à la terre
Claire et sèche
Tant que glabre

Il n’est pas de bon jour
Pour la respiration
Elle s’en vient et s’en va
Que n’êtes vous donc là


Longtemps tu n’as pas su
Accueillir ce pays
Dans tes univers verts
Dans tes jeux de passion

Terre de femmes
Flammes éteintes
Comme elles s’allument
Au tournoiement des vents

 

Temps arrêté
Tant il est pâle

 
 
 
 

Terre de femme fatale
Etreinte de fantasme
Et d’amour
A envahir

Aimer c’est te haïr
Et sans répit partir
Vers ce que tu n’es pas
Terre si facile au vent
Et si dure au dedans

Il cherchait la chaleur
La tienne est extérieur
Il t’aura dans son cœur
Dans ses regards d’ailleurs

GDB 24.10.95 La Seyne sur mer

Sanglot

Le sanglot s’est figé
A l’écoute insolite
Du moteur à l’excès
Cisaillant l’herbe douce

 

S’est figé seulement

Il reste à inspirer
A dépasser le spasme
Et retrouver les larmes
Même sans rien à pleurer

A l’écoute arrêtée
De ce sabreur de vert
Le silence en retour
Etait chargé d’odeur

Tu cherchais à périr
Ton nez te trahissait
Après l’ouïe perverse
Restait-t-il le doigté
 

Plus rien à oublier
Se poser à côté
Des frasques dérisoires
Des responsabilités

S’est figé seulement



Entends son débit gourd
Et prêt à submerger
L’îlot inventorié
A grand fracas d’amour
De ta vitalité

S’est figé seulement

Quel pied à grand tirant
D’eaux salées délaissées
Vas-tu pouvoir pétrir

 

S’est figé seulement

 

Pour mieux te contempler
Les sanglots sont hautains
N’allez pas vous tromper
A chercher la rigole
Qui ne sied à leur teint

Ouvrier séculier
Des espaces d’arrêt
Le temps bien comme il faut
Emporte ton écho


 

GDB 12.04.95

Le cœur en mire





 

GDB 2009

Le rostre de la baleine


L’évent
De la baleine à bosse
Surgissait
Du néant
L’océan
N’était soudain
Plus Pacifique
Mais magnifique
La houle
Bleu azur
Nous portait
Crêtes et creux
Scandaient
L’acuité de nos regards
Souvent en retard
Quand ces monstres
Surgissant de nulle part
Nous assénaient
Leurs rostres
Cherche l’instant
Sans pareil

Celui qui t’émerveille
Et qui te pourfend
L’homme se sent petit
Devant ce monde en veille
La baleine a de gros doigts
Elle n’écrit pas
Elle signe son départ
Vers les abysses
Par un coup de queue
Qui ne peut que faire
Rêver l’homme
Rien ne sert
De trop braire
L’humilité est de mise
La baleine
N’a pas besoin de nous
Cessons de la détruire
Il y a beaucoup à faire
Pour que l’homme
Apprenne

A vivre sur la Terre

 

GDB   2022-01-10

La brisure du temps

Que dire
Des êtres qui nous manquent
Le temps s’en soucie peu
Mémoire fais nous l’amour
Mémoire tisse nos jours

Le temps règle le jeu
Tu vois bien qu’on en crève
La vie sans rêve
Serait trop brève
Allons dormir sans trêve

Que dire
Des êtres qui nous manquent
Mémoire claque nos joues
Dis- nous ce que nous sommes d’eux
Dilue nos quotidiens de boue

Le temps éteint nos feux
Tu vois bien qu’on en crève
La vie sans rêve
Serait trop brève
Allons dormir sans trêve

Que dire
De la chair qui se planque
Aime-la si tu peux
Las tu voudrais mourir
A n’en plus finir

Entends-tu
Ces éclats de rire
Dissonants
Rebondissants
S’atténuant

Entends-tu
Ces éclats de rire
Encore enfants
Brisure cristalline
De nos vieux ans
Porteurs de phrases sibyllines

Que dire
Des êtres qui nous manquent
Le temps s’en soucie peu
Le lent reflux des jours
Rend leur silence lourd

Mémoire fais nous l’amour
Mémoire tisse nos jours
Mais laisse-nous
Les essaimer
A contrechamp d’éternité

Que dire
Des êtres qui nous manquent
Le temps s’en soucie peu
Le temps règle le jeu
Tu vois bien qu’on en crève

Mémoire fais nous la moue
Mémoire boude nos joues
La vie sans rêve
Serait trop brève
Allons l’écrire sans trêve

GDB 30.04.87

Banderilles

Longue attente
Au jour qui fuit
Lente ascension
Lumières de nuit
Noircies
Dans les airs
Ravi
Qui suit qui

La vie le sait et te précède
Tu vous attends et elle aussi
L’heure est au noir qui cède
Sa place à l’azur blanc

Ton cœur pur
Des temps content
Des heures noires
Rien ne l’obsède

Temps en brillance
Tu comprends
L’émoi profond
Des gens du vent

Mais tu n‘ es qu’un
Et tu es tous
Lorsqu’à l’excès
L’envie te pousse
La nuit s’estompe et s’assombrit
Repères où êtes-vous partis

Moments brûlants
Instants fébriles
Surpris plantant
Leurs banderilles
Tu n’as de cure
Qu’à leur reprendre
Leurs joies d’attendre
Sans sinécure

GDB 28.12.87         22h30 hl      Jakarta>> Sydney

La Dame aux mille feux

Une maison d’effets cassés
En dégradés de dénivelés
Une maison à recoins
Permettant de voir plus loin

Une dame aux mille feux
Posée dans ses aventures
Une femme de terre
Amoureuse de la mer

Ce village au bout de tout
De montagnes en apnée
Calme et bouillonnant
En défi de continuité

Surprenante sérénité
N’est pas atteint de fatuité
La maison est le fil du temps
Oublions les histoires d’avant

Aime les espaces où tu te meurs

Une maison d’effets fêlés
En volupté peu apprêtée
Une maison dans les coins
Simulante d’effets de fin

Comme flamme de nos aïeux
Imprégnée de nos cultures
Une femme de mer
Accrochée à sa terre

Les adages elle s’en fout
Hors des vagues elle s’extrait
Les palmes et le printemps
Qu’y-a-t-il de pressé

Rien ne sert de s’essouffler
Le souffle est qualité
La maison est le fil du sang
Gardons les éclats de nos dents

Aime les nasses où sont tes peurs

GDB 2015-06-27