Il y a une quarantaine d’années, j’ai décidé d’écrire. Ce n’était pas une décision, c’était un besoin de vivre encore. Ce besoin vital était incoercible. Ainsi j’ai pu vieillir et je me suis installé dans mon statut d’écrivain non publié. Écrivain, peut-être pas, mais Continuer la lecture de « Bonjour »
A vous, les amis et lecteurs de Gérard
Gérard nous a quitté le 1er décembre 2022 à Taravao en Polynésie française. Après une période difficile, j’ai décidé de commencer à honorer la promesse que je lui ai faite juste avant son décès: publier l’intégralité de ses textes, il y en a environ 1200, en prose ou en vers.
Je viens de terminer le premier tome qui regroupe les 86 textes écrits entre 1980 et 1988. Durant cette période difficile pour lui, il a vécu dans son Auvergne natale et quatre ans à Tahiti où il a exercé son métier de professeur de mathématiques.
Les prochains tomes sont en préparation et feront l’objet d’une annonce au fur et à mesure de leur parution. Pour avoir accès au Tome 1, il suffit soit d’aller sur ma page Facebook, soit d’aller sur le site de l’imprimeur. Le prix du livre est calculé sans bénéfice, c’est le prix de l’édition.
Nicola
Adieu mon cœur
Adieu voleur
Adieu sans peur
D’heures en heure
Auteur acteur
Excès de beurre
Atout cœur
Écœure
Ce soir
Ne m’aimez pas
L’espoir
Est agrégat
Circonvolez
Dans vos pensées
Nous convolerons
Comme pisser
Vive les cons
Et les champs de blé
Coquelicot d’automne
Rouge cœur résonne
J’ai perdu le pas
Un soir de Saint Nicola
De puits en clapotis
Chaque soir
La nuit est noire
GDB 26-03-92
Punaauia Tahiti
Poussières d’encre
Mystère
Tendresse
Tristesse
Effleurent
Affleurent
Sans persister
Univers
Vert Doré
Un peu fêlé
Amer
Si bien posé
A terre
Et atterré
J’adhère
Et je m’en vais
Légère
Et apeurée
Misère
Banalisée
Latente
Comme l’attente
Attente
Sérénité
Sustente
Des effets
J’enrage
Du verbe en cage
Qui nage
Dans l’énoué
Si sage
Tant qu’estompé
Écrire
Est s’écrier
J’écris
Je n’ai pas pied
Délires
Il vaut mieux
Que vous en reveniez
GDB 20.03.92 0h… et des poussières d’encre
Punaauia Tahiti Mozart Quintet in C major
Avatars en leurre
La vue La sérénité
Dans la végétation se perd
Entre montagne et mer
Cocotiers et manguiers
Perclus
Des tourments d’alizés
Agitent nos horloges
Comme four est en sauge
Tout bouge et reste là
Le vert en tas
Ne sait ce qu’il abroge
De ce qu’il a créé
Le verre l’accompagne
En émousse vie
Source de vitalité
Le temps fait ce qu’il faux
Mais il n’y croit pas
Il se déplace en pagne
Qui lui paraît haut
Avatars de Polynésie
Support de fausses frénésies
Il reste la douceur des leurres
L’éloignement des tiens
La fatuité des liens
La solitude est à l’heure
Violente et douce
Patiente
Un peu rousse
Tu aimes ces instants d’arrêt
Quand surgit
La nostalgie
Et les replis
De ce que fut ta vie
Pour eux tous tes apprêts
Pour toi
Le rêve règne de l’enfant roi
Plus rien n’est étroit
Ta conception du monde
Surtout pas
Peut-être elle fut
Mais elle n’est plus
Se nourrit du néant
Même si ce n’est pas sécant
Tu cherches d’où partir
Pour mieux revenir
Banalité d’état
Qui ne te convient pas
Raconter
Décrire
Peux tu essayer
Apporter
Sans luire
Serait-il
Effronté
Blessé fut-il
L’hydre
Ne s’est pas noyé
Clepsydre
Ne t’attend pas
Faite de l’humeur
Elle écrit le temps
Que personne ne rend
Écoute
Perçoit
Aimes
Imagines
Copules
L’instant
Seule
La seconde
Est franche
Veule
La faconde
La tranche
La douleur
Aussi
Est leurre
A l’approche
De l’heure
En pluie
D’anicroche
Toahotu le mardi 29 mars 2011, à 13h
Univers perception ou état
Il se pourrait que nos qualités de réflexion, d’invention, voire d’affection soient liées à notre potentiel neuronal quantitatif et qualitatif
Pour le premier critère la science prétend que non, sauf si l’on considère la dégénérescence neuronale liée à la vieillesse, ou à l’abus d’alcools blancs…
Pour le qualitatif, nous pouvons penser qu’une partie des résultats est liée à l’optimisation des structures nerveuses, par hasard ou par l’éducation
Il reste cet infime infini, souvent en désuétude, de la globalité de la perception, qui se construit en approches successives et prudentes des états de lucidité
Il est banalité de dire que la création est dans la mort, plus exactement qu’elle est instantanée et que l’instant ne se conçoit que dans la réalité
Le paradoxe est posé
C’est dans l’instantané que la création construit son éternité
Chaque cerveau est un soleil
L’univers en contient des nano milliards
L’univers est en chaque cerveau.
Il n’existe que par la perception que l’on en a
Le mystère, mot théologique s’il en est, est dans la constatation de l’existence de l’autre
Une explication serait que rien n’existe en dehors de la perception qu’en a chacun, et que tout individu n’est que la démultiplication d’un cerveau, d’un substrat unique
La conclusion serait que chaque individu, dans la perception ou l’approche qu’en ont les religions, serait Dieu !
Plus simplement, il est rassurant de penser laisser une trace de communion, de rassemblement, de support d’approche des lucidités
C’est le moteur de la création
Il reste que l’acte générique de la création est la procréation
Mais nous avons trop longtemps été berné par l’osmose procréation-amour assénée par les religions
L’être est complexe
Il pense, il mange, il boit, il baise, il procrée aussi
Tout cela est dans le grand théâtre de sa perception
Qui d’autre pourrait être l’univers
GDB Mitirapa samedi 9 mars 2013- 21h
Amazonie
Il ne se passait rien
Le bateau avançait
L’air n’était plein de rien
L’Amazone se consommait
Bien sûr
Trois cents hamacs
Ça balance plus qu’un
Air pur
Du vent
Pas de carcan
Le marron agresse chacun
Nous cherchions un peu le lien
Les rives défilaient
Les angles d’univers perdus
Agressaient nos pertes de vue
Le bateau et l’atmosphère ronronnaient
L’immensité était actée
Qui étions-nous
Que devenions-nous
Rien qu’êtres effleurant
De nos vies les jours restants
Nos solitudes gaies
Devraient défrayer
La chronique unique
Des orateurs qui piquent
Avant qu’il ne fuie trop
Apologie du geste d’avant
Que viennent les remords en pluie
Nous voguions sur beaucoup d’eau
Elle n’était pas sauvage
Elle n’enclenchait pas de nuage
L’Amazone en faux paisible
Est le monde et sa cible
Les traces de civilisation
Au bord du fleuve
S’excusent presque d’exister
Et pourtant, point de forêt
Que des terres
Qui ont été domestiquées
Où se trouve la morale
Tous les arguments sont pâles
Ce continent
Quand il y consent
Te ressent
Tu espères
Que l’homme ne le vaincra pas
Tu as beaucoup aimé l’Amazonie
Dans ce qu’elle a d’indéfini
Et surtout d’inintégrale
GDB Mantega 2018-11-19 20 heures
Seconde altière
Un peu
Du temps vieux
Est revenu
Un vœu
Même pieu
Peu retenu
La lumière
Dehors
Et dedans
Les torts
Et les temps
Altière
Est la seconde
Qui courait sa ronde
La lumière
Est entière
Celui des cieux
T’a-t-il plu
Un nœud
Un lieu
Même ténu
La terre est fière
D’abord
Près l’étang
Les forts
Ont le sang
Bestiaire
Est faconde
Aime la trombe
Rodomontade
N’est jamais fade
Taravao
Dimanche 05-07-2010- 16h
La mesure du présent
Il a tout de l’univers s’il peut s’en convaincre
Il lui suffit d’écrire pour être le meilleur peintre
Emouvez-vous de lui, lui s’en émeut bien
Quel effort faites-vous C’est survivre un peu Mais le signifiant Reste mesure du présent
L’émotion de l’autre vient bien
Il n’est que le prochain
Pour l’émotion duquel
On ne s’engage à rien
N’a-t-il jamais pleuré
Sur vos félicités
Ne pourrait-il au moins prétendre
A votre pitié
La vie prolonge obscène A suivre … de loin!
Les jours que l’on répertorie
Il est encore sur scène
Qui n’en meurt pas en rit
Ce rythme triste Il ne prend pas de risque
Est que ce qui lui reste
Il le préfère
A la sortie d’Oreste
Jongleur de l’astérisque
De ses futiles périls
Le mettent en demeure
Les cohérences du verbe
GDB 20.02.87
The Spirit of Australia
Toujours un peu d’ailleurs
A observer les temps
Peuplés en autres gens
Et chercher les langueurs
Que ton état apprend
Vois-tu bien ces vaisseaux
Conteneurs brasseurs d‘ air
Rédempteurs de héros
Ou broyeurs de chimères
Que ton instant défend
De lieux en caractères
Pourfends le courant d’air
Qui t’aspire en ton sang
Des mélodies célestes
Planantes au vol lourd
De résurgents incestes
Entends gronder l’autour
Au profond azur bleu
D’où ressurgit la nuit
Cherche où se crée l’aurore
Vis dans la crainte heureux
En d’accueillants abords
Là-bas le soleil luit
GDB 25.12.87 15h h.l Transit Sydney
Femmes à la criée
Roulent et perdent
Les gens dans le vent
Boules éclairent
Le sang lentement
Foules et mers
Ondulent au temps
Soules amères
Émasculent les rangs
Croule près Terre
Férule dans le champ
Il est vain d’espérer
Mais on espère encore
Aux jouvences innées
Juguler notre mors
Il est temps d’accepter
Comme fard trop chargé
De la légèreté
L’incoercible choix
De la brièveté
Engluée comme poix
Dans le déroulement des vies que l’on contemple
Comme arrêté tout prêt sans pouvoir effleurer
Comme si en révérence il n’y avait pas d’ample
Comme si près du berceau nul ne pouvait bercer
Il est vain d’espérer
Mais on espère encore
Aux fréquentes ictées
Subjuguer notre sort
Il est temps d’accepter
Comme jars trop fardé
De l’âme la durée
Que décide le corps
Des larmes la santé
Que génère le remords
Des femmes la criée de ton tirage au sort
De l’homme l’envolée des essais de ressort
Un soupir un sanglot et la machine tourne
Pour mourir en héros attendez votre tour
GDB 16.11.96 La Seyne sur mer
Espace atone
Le silence
N’est pas une bonne idée
Il est tendance
Le snob est en apnée
Délivrance
Est un succès d’année
De laquelle
En recherche damnée
Il flagelle
L’herbe déjà coupée
Références
Vous êtes-vous posées
Dans l’immense
Où dans le près qui plait
Redondances
De serrures en clés
L’abondance
Tu la cherches tu y es
Le discours est austère
L’alambic
Est recours mis en stères
Sans pensée
L’espace est atone
Pourquoi tricher
Tu vis
Du chant
Que tu entonnes
Ton bruit
L’amant
Te rends aphone
Tu nuis
Au temps
Mais il fredonne
En pluies
Et vents
Il mono tonne
Taravao
Vendredi 3 juillet 2009 – 23h30 établies
Nuits d’espoir
Hagard
De lions
Affamés
Entouré
De contours
Approximes
Hâtif
D’impressions
Absentes
En liaison
Il est pur
Du nombre
L’atypie
Est spoliée
Goût sombre
Au retard
Du regard
Au regard
Du retard
L’avatar
Essentiel
Du nombre
Indistinct
Dans l’ombre
Sans cesse
Peint
Teint
Feint
Et puis marre
Le nombre
Est avatar
Trop singulier
Règle
Gère
L’éteignoir
Pétard
De fions
En enculades
N’essaies pas
De vivre
Autrement
Que ivre
Des jours
Alimentant
Le four
Cause toujours
Mon bel amant
Hagarde
Lions en rut
Culbute
Encule
Les mots
Scellent
L’esprit sot
S’amoncellent
Les échos
Les ego
En perdant
Un jour de temps
Tu gagnas
Des nuits d’espoir
GDB 17.01.96
Le temps des vendanges
L’art oblige
A se présenter
A la connaissance
Mais aussi
A l’attendrir
Quand il le faut
Développement, après la sieste, non crapuleuse
Par sa prégnance
L’art du sourire
Forme un pied beau
L’endurance
Il faut pétrir
Chaque sursaut
En chaque stance
Mieux vaut périr
Encore beau
Se désagrège
Restent les blancs
De tes manèges
Mêmes amants
De lents cortèges
Portent aux flancs
Les sacrilèges
Coup
Cygne
Signe
Le temps s’allège
Lorsqu’il le prend
Il peint en beige
Tes tourments
Sur chaque ligne
L’hameçon
Dos rectiligne
Sans caleçon
Octobre en vignes
Turgescent
Pauvre ou indigne
Est le décent
Taravao
Dimanche 11 octobre 2009- 13h00
Fare Brousse
Ils sont cinq Le manque de sel
La musique nous enveloppe
Nostalgie
Quand tu nous tiens
Tu mesures
Comme est ténu
L’écrin de la vie
Le soleil est éclatant
Pas de faux semblant
Voix de vahiné
Dont l’éclat
T’éblouit
Chez Kina
Et Stéphane
Tu regardes
Ces visages
Si différents
Et pourtant
Si ressemblants
Tout le monde
Aime vivre
Dans les visages appliqués
Il y a plus de santé
Cette musique envoûtante
Fait oublier les manques
Belles tahitiennes
Aux poitrines généreuses
Te rappellent
Des vies sans rappel
Ils et elles sont magnifiques
Ces belles chansons françaises
Que s’est approprié la Polynésie
Montrent que Le Monde
Est aussi étroit
Qu’il est immense
Belle journée de partage
Chez nos amis du Fare Brousse
Nos hôtes merveilleux
Savent qu’il faut se battre
Pour être heureux
Sauvages
Près de leur âtre
Chacun fait ce qu’il peut
Soleil vert
Ou plutôt jaune
Il n’y a pas de faune
Mais beaucoup d’amers
L’ambiance fauve
Aux couleurs d’ici
Pas besoin d’aumône
Tu t’intègres dans ce pli
C’est peut-être le tien
Est-ce une fin
Ou juste un brin
D’accroche de la vie
Fare Brousse
Jeudi 10 mars 2022 13h30
L’âme à l’eau
Langueurs
Et douceurs
Traversent
Les sons
De ce piano
Rebonds
En traverses
Ton âme est à l’eau
Tu brandis
Le sursaut
Est-il dans le beau
Ne va pas
Vers le faux
Il effleure
L’étau
Simplement
Oublie
Ce qui te ment
Va vers l’élégant
Surtout
Prend ton temps
Il n’est pas si fou
Sont les moteurs
L’averse
Au fond
Laisse l’agneau
De bon tond
Belle kermesse
T’envoie l’écho
Tu as franchi
Le saut
Qu’ignore le sot
Le plat
Est en haut
La peur
Dans les mots
Aime le charmant
Dans ses plis
Prend le vent
Les clinquements
Animent la roue
Souvenirs d’enfants
Posés dans le flou
Mitirapa Samedi 05 mars 2022 18h30