Retour de La Baule

La peur
De ne pas vivre
Assez pour en parler

L’horreur
Que les missives
Ne soient répertoriées

La fleur
Quand on se livre
S’éreinte d’enivrée

Le pleur
Sanglot que vive
S’engourdit dans l’ivraie

Contons
Encore la rose
Cueillie si bien éclose

Comptons
La peur au ventre
Les replis de ton antre

Contons
Comptons encore
Sur les jours à l’effort
Les beaux arrêts du temps
Balayés par l’évent

Les cœurs si forts pourtant
Éclatés comme balle
Échappée du palan
Au dessus de la halle

Contons
Comptons encore
Les plaisirs à venir
Échappant comme fuir
Au futur salvateur

Entends confiteor
Cet oiseau qui se meure
Des cages à son humeur
Qu’il a voulu autour
Des cassures des amours

Contons
Comptons encore
La douleur s’effile
Tranchante mais fragile
S’apaisant à l’accord
Des images dactyles
De ce piano si fort
Du jeu réglé des corps
En synchronie des styles


Accords
Accordez donc
Vos effets différés
Aux souvenirs longs
Qu’ils se sont aliénés

Contons
Comptons encore
Les tables alignées
Par leurs regards furtifs
Le soir à la criée

Contons
Comptons encore
La plage apeurée
Par leur chemin festif
De plaisir différé

Contons
Comptons encore
Les chalands arasant
L’eau noire du marais
Porteurs de destinées
D’exigences d’amants

Complices à loisir
Les éléments guettaient

Contons
Comptons encore
La narration rassure
Et le calcul apure
A l’âme affleure le vague
Dans l’ombre de la drague

Contons
Comptons encore
La fuite des instants
Et leur arrêt vivant
Quand toute aura s’en va
Hurlement d’amertume
D’un jour sans écume
Séculier à son bras
Singulier comme toit
De roseaux agrégats

Attends
Ne comptons plus
Contons-nous notre joie
Apogée de nos mues
Aliment de nos fois
Oublions les frimas
De nos terres anciennes
Ce lopin est à toi
Fais ce qu’il en advienne

GDB 28.03.97 Retour de La Baule

Une réflexion sur « Retour de La Baule »

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