Rupture

La rupture
Arrive quand elle part
Elle ne suit pas
La voie des yeux
Elle s’articule
En garde-fou
Tu ne fais pas
Ce que tu veux
L’espace son
Détend le temps
L’espace ton
Fait l’évent
Définir le souffle
Quelle histoire
Tu prends tes moufles
Sans espoir
Mais
Le bruit articulé
S’incruste
Paix
Il est dans l’instant
Brusque
Puis
Il s’organise
En nage fine
Lui (l’huis)
S’ouvre s’il tapine
Doucement
L’éther
S’itère
Quand le sang
S’altère


Que demander
A la vie
Hors l’arrêt
Du défilement
De nos effets
Même sanglants
L’excès
Est la moindre des choses
Blessé
Il te remet en hypnose
Il faudrait maintenant
Ne prendre que le temps
De décrire le beau
L’installer au plus haut
Se dire que la perception
Est le sommet de l’émotion
L’univers est en l’homme
Il est croquant comme pomme
Sans la femme
Il n’a pas d’âme
Car la terre
Repousse l’enfer
Tu t’ennuies de tout
Et ne renonces à rien
D’aucuns diraient
Que tu vieillis bien
Quelle vie de chien
Mais encore tu y tiens

 


GDB Mitirapa

Lundi 11 mai 2013 18h
Avec Debussy

Requiem


Commençons
Par la douceur
La langueur
Peu de son

L’amplitude
Vient après
Solitude
En apprêt

Tout est doux
Presque roux
L’amplitude
Se positionne

Elle va venir
Elle prend son temps
Celui de l’avant
Elle est en mire

Elle t’abandonne
Cherche dans le triste
Tes effets de liste

La mort
De prime abord
Côtoie la vie
Foudroie le pli

Où es-tu
Où reste-tu
En survie


La beauté
Est un pied de nez
Sans elle
Que reste-t-il
Un salgimondis
Couvert de replis

Va vers la beauté
N’ai pas peur
De sa tristesse
Elle peut
Te mettre en liesse

Le moi est salvateur
N’écouter que les débuts
N’est pas souvent le but

Mais
S’il raconte la fin
Il plait
Si la vie revient

Tu aimes la mort
Pour sa vitalité
Pas de remord

Garde ta fatuité
Il n’est d’autre ressort
Que la vacuité

Non tu déconnes
Quelquefois
Les vers trop sonnent

GDB 25.07.2021 Requiem avec Mozart

Nuit d’été


GDB 26.07.9121h30 La Mine

Soleil étanche

Ta robe blanche
Est à la bure
Ce que la hanche
Est à un mur

Quelle luxure
A sa revanche
Quand en culture
Nul ne flanche

Ta robe blanche
A de l’allure
Lorsque dimanche
Est ton futur

Dieu qu’elle est pure
D’un coup de manche
Classe l’injure
Sur une planche

En chaque branche
Est une épure
Ne sois pas franche
Si tu es mûre

Ta robe blanche
Est dans l’azur
Ce qui perdure
Lorsque l’on tranche

Soleil étanche
Comme un cœur dur
Dans la verdure
L’ombre déclenche

GDB Mâcon 05.07.98 16h30

L’iris de l’aube

L’ombre oblongue
Du soir miroir
Accueille l’oeil
Du désespoir

Triste et longue
Lasse de voir
De son orgueil
Ta vie est noire

De sa lie
Qu’il te faut boire
Soudain surgit
L’ultime écueil

Embellie
Du dérisoire
Revient la nuit
Qui fut le seuil

Prends ta lyre
Muse lointaine
Entends dire
Que l’on t’emmène

Où j’étais
Juste avant d’être
Où je vais
Pour ne plus être

Qu’une gravure
Aux murs obscurs
Des galeries
De l’infini


 
 

Soir miroir
Soir blafard
Soir retard
Soir cafard

Mais que t’importe
Si tu n’oublies pas
Dans la cohorte
De ces soirs ingrats

 
 
 
 

Qu’au petit jour
Des yeux que les larmes enrobent

Naissent
Les scintillements de l’iris de l’aube

GDB 29.06.82

Tumultuosité

Quand claque le silence
Malgré la faim d’errance
Les cœurs sans importance
Se terrent à grand bruit
Aux replis des nuits blanches
Attendant leur dimanche

 

Touchante chance en pluie
De larmes qui t’ennuient
Quand l’âme pleure
Plus qu’elle ne luit
Il reste encore l’oubli


Quand claque le silence
Malgré la faim d’errance
Les cœurs sans importance
Chantent inaudibles
Aux matins surmontés
Leurs soifs indicibles

De tumultuosité

Touchante chance en pluie
De larmes qui t’ennuient
Quand l’âme pleure
Plus qu’elle ne luit
Il reste encore l’oubli

Quand claque le silence
C’est qu’on ne t’entend plus
Mouton qui a ému
Garde-nous ta bêlance

GDB 28.09.86

Baie de Taiohae


L’âpreté du ressac
La rugosité du rocher
Le vacarme de la lame
Portée par la houle
Cassante sur la falaise
Sous un ciel bleu pur
Peu perlé de moutons blancs
Donnent à la baie
Son tempo

Elle s’arrondit
Sous les sommets
Déchiquetés
Qui forment l’alentour

Dégradés
De verts et de bleus
Sont lissés
Par les alizés
Dans une luminosité
Conquérante

La Nature
N’est pas vacante
Elle assure
Quand tu plantes
Ton regard
Un peu hagard
Sur les abords
Du paysage


Comment rester sage
Pas de remords
Ni mise en cage
La beauté
N’est pas mirage
Le bord de mer
N’est pas en plage

 

Tu scrutes
A l’horizon
Au-dessus de sa ligne
Ua Pou qui s’estampe

L’œil aiguisé
S’allume
Le soleil
Perd quelques plumes

 

Il est temps
De mettre en veille
Les éclats
D’émerveille

GDB samedi 10 juillet 2021
Baie de Taiohae à Nuku Hiva
Aux Iles Marquises

La trace du zéphyr

Visages aux miroirs révélés
Dans le trait un peu plus tiré
Qui comptent les années
A venir de leurs passés

Miroirs aux effets tiroirs
Ironie des années consumées
Uniques objets de vos regards
De vos genèses révélées

Comment voulez-vous faire croire
Ces vérités aux confins
Flouées de vos jeunesses
Plissées comme de vieilles fesses
Qui nous racontent la fin
Sans laisser vains vos vieux espoirs

Vous n’êtes vieux que dans vos têtes
Prenez le temps de vous pleurer
Quand l’apitoiement fait la fête
Revient la force de leurrer

Reprenez clair le cours du temps
Retrouvez net l’acte charmant
Laissez terrible claquer la vie
Et vous n’avez plus d’âge écrit

Lorsque la ronde s’accélère
Perdez-vous fous dans l’enivrée
Ne plaignez plus bel éphémère
Il n’est plus de grain que d’ivraie

Tu as peu faire du signifiant
Tu enrages de ton verbe enfant
Il est grand temps de ne plus feindre
Pourtant tu es heureux de geindre

Replacé dans la plainte commune
Ecriras-tu tes mémoires posthumes

Tu n’as pas plus à dire
Que la marée montante
Laissant la trace du zéphyr
Dans l’écrit où tu la plantes

GDB 12.04.87 Polynésie

L’école de la vie

Quand la rime devient un culte
Cherche la réflexion qu’elle occulte
Timide reprends son bras
Elle te guide vers l’état
Des sens exacerbés
Fixant ta vérité

Commence par raconter
La fin de ton histoire
Et retrouver l’espoir
De tout recommencer
Tendu vers un seul but
Ne vivre que les débuts

Quand la tristesse baisse
Prends garde à l’habitude
L’instant de joie ne laisse
Qu’un goût de solitude

A l’école de la vie
Apprends donc la faiblesse
Chaque moment conquis
Est un instant qui blesse


Jours
Immenses détours
De nos nuits successives
Consumez dans vos fours
Nos secondes captives

 
La vie est primitive
Fuyez pensées ruptives
Laissez donc à nos sens
La recherche d’essence

 

L’air est lourd de la nuit
L’ombre noir bleui
Enlise le regard
Dans le rêve retard
Au bleu lourd assombri

 

Avez-vous tout compris

GDB 04.11.87 Papeete

Bulles en remous

Le torrent
Calme et voluptueux
Le courant
Violent et somptueux
Dans ses sinuosités
Hachées
Par les rochers
T’hypnotise
Et attire
Tes démons
Quand le regard
S’accroche
A bulles
Et remous
Dans un bruit
Ronronnant
Autant que
Dérangeant
De l’apaisement
Qu’il t’impose


La nature
S’assure
Que c’est elle
Le vivant

 

Elle t’accueille
Discret
Pas d’écueil
Du respect
Et l’envie partagée
De vivre à ses côtés

Raiatea
Près d’un torrent
Samedi 31 mars 2012
Vers midi

Voix et visages

Voix humaines
Bruits dominants
Personne n’est à la peine
Pas de revenant
L’endroit
Un peu narquois
Fixe les instantanés

Le soleil établi
Met l’atmosphère en pli
Regarde chaque visage
Il est mesure de l’âge
D’autres relais
Se créent

Qui est autour de quoi
En chacun se complet
La mesure d’effet
Tu te sens apeuré
Du trait interrompu
Tu n’as pas tout lu

L’interpellation
Au-delà des conventions
Suscite l’ictus
Pas de consensus
Brouhaha
A tout va

Fixe l’imprévu
Personne n’est reclus
Tout échappe à la vue
Mais pas ce qui n’est plus
Tu contournes la foule
C’est pour prendre la houle

Ils et elles jouent
Elles dansent

La culture de l’instant
Est aussi
Celle de l’oubli

Vivez en féerie
Posés dans son instance

GDB Faaone Journée récréative
Samedi 12 juin 2021 13h45

Bruit d’aile

Sous tes feuilles
Tilleul torturé
Non pas torturé
Mais coupé
Que dis-je
Court taillé
Prodige
Court taillé
N’est pas torturé
Mais bien humanisé
Que dis-je encore
Tout au plus réduit
A l’échelle humaine
Tilleul ta sève l’homme conduit
Dans les canaux qui l’amène
Aux fins de ses efforts

Sous tes feuilles équarries
Tilleul peu humanisé
Près ton ombre éclaircie
Tilleul encore enraciné
La nature ruptive
Dès lors captive
Que dire
Quand deux pensées amènent
A oublier la pensée
Souffrir
Ou s’ouvrir à l’été
Sereine fredaine
Quand les guides capitaines
En tension
Les murs capitonnent
D’effraction
Comme le canon tonne

Tu vivais au soir tombant le frais
Au mur où se cognait l’effraie
Quand tout est trop pur
Et vous effraie
Même la nuit
Chaude en sa bure
Soleil enfoui
Passé bleu pur
Et la fraîcheur qui murmure
Que l’effroi cogne en vos beffrois

 

 

 

Effraie volante
Au beau bruit d’aile
Au soir tombante
Comme hirondelle
Quand le temps plie
Sa voûte large
Qu’avec ses larmes
De pluie émargent
Les jeux de charme
Et vos replis

Entré dans vos cités
Comme un cheval de Troie
Laissez la bure tissée
Pour l’amant enfin roi

GDB 28.06.88 22 heures
et 07.06.97 19 heures

Eclat de solo Sous l’eau

Polynésie mystérieuse
Douce impérieuse
D’aspirations profondes
Du souffle qui sonde

Qui t’en prive
L’envie de grives
L’ennui de rives
De sorbiers en torrents
A l’hiver finissant

Montées primitives
Portez donc les liesses
Au delà de l’avant

Qu’elles accourent en ronde
Ton âme se perd dans l’onde

La chair heurtée
Sur les coraux qui blessent
Bée de sa détresse
En houle qui n’a de cesse
Que l’étale brûlante

La chair mâchée
N’est rien quand le cœur gronde

Ce pays t’arrondit
Plus d’aspérité
A laquelle t’accrocher
Il est temps de partir
Comme il va te manquer

Paysages à gauchir
De vérités tremblées
Passages estompés
De plaisirs entiers
De galets à meurtrir
En rage ensorcelée

Polynésie sécante
Des cultures établies
Où l’espace est instant
Au soleil enfui
Quand la pirogue glisse
Des Maohis ramant

Fusion réalisée
De l’air et de l’onde
Et de chair terrestre
Dans la pénombre
Du lagon de plomb

Polynésie imbue
De ce qu’elle a perdu
Polynésie mordue
Par le serpent équestre

Les civilisations s’ingèrent
Au rythme des saisons

Le monde est introuvable
Il est trop sillonné
L’homme est ineffable
A toujours voyager
Chaque havre a son état

L’air est lourd
Les grillons
Crissent en gonds

L’homme inénarrable
Promène sa verge plissée
Sur les berges efféminées
Des rivières lointaines
Où il espère pisser

Encore faut-il
Que sa vessie soit pleine
Des envies futiles
Qu’il distille
Pauvres pistils
A la merci
D’envies fragiles
De faux pipis

Chaque havre a son état
Dont la mesure
S’aulne à l’usure
Des autochtones
Celui-là est encoche
Elle s’effiloche
A chaque aumône
Qu’il occasionne

GDB 25.04.92 Punaauia, 21h

Léthargie

Chacun sait bien
Que la vie sans acte
N’est rien
Elle est un pacte
Trop de gens en rient
La féérie
Est souvent mise en plis
La mémoire
Est répertoire
De ce que tu n’as pas fait
Des havres où tu n’es pas allé
Elle s’introduit
La nuit
Dans les plis
Que tu n’as pas lissés
Tes torts
Ne sont pas bordés


L’effort
Est de les accepter
Tu mimes la nuit
Quand elle te plait
Tu ne la diriges pas
Tu l’aimes, ou pas
Elle est l’envers
Elle est l’enfer
De la vie
Soleil
Et bruissements
Prennent ton temps
L’œil est accroché
Au vent en mouvement
Au bleu plus lentement
L’âme est sous le temps
L’heur est sous le vent
Quand vient l’heure de dormir
En plaisir la léthargie se mire

GDB Toahotu
Dimanche 13 janvier 2013 11h15