Le violon du poète

Avec la puissance du paysage
Revient celle de la musique
Que vient faire Beethoven
En Polynésie
Tu es de parti pris
L’oreille
Fonctionne mieux avec l’œil
Divine espace
Que créent les cordes du violon
L’objet n’est qu’un prolongement
De l’humaine qui l’arrime
Cette musique arrête
Non
Fixe
Le temps
Dans l’instant de plénitude
Tu n’es plus ni vivant ni mort
Mais une entité
Déployée par le son
Un arrêt sur image partagé
Avec celui qui l’a créé
Une plénitude de nostalgie
Qui relance la vie
Tu aurais aimé connaitre
L’extase du compositeur
Cherche celle du gribouilleur

GDB Toahotu
Vendredi 4 janvier 2013 11h avec Beethoven concerto en ré majeur

Amer

Il reste un souffle de lumière
Quelques nuages
Bleu gris et rectilignes
Assènent l’immobilité du lagon

Quelques découpes
Bananiers
Cocotiers et manguiers
S’estompent

Il reste les crêtes
Tranchées dans l’air humide
La montagne s’ennuie
Du gris qui la conquiert

Avant l’absence d’univers

Terre ciel et mer sont l’amer
L’air figé du coucher
Tranche
Avec le son de l’accordéon

L’atmosphère
Aspire la mélodie
Sait-on où elle l’emmène
Reste-t-il des rives incertaines

A coup sûr

Dans ta tête qui s’entête
Pas de mur
Mais des havres de fête

Le bonheur se construit de bonne heure
Que dis-tu à la bonne heure
Juste avant qu’il ne meure
Il génère tes peurs
Il s’en va et revient
Rien ne le contraint
Même quand il s’éteint

Vénère l’étincelle
Elle est l’apologie du feu

GDB Mitirapa        Lundi 26 août 2013- vers 18h30

Vue sur cour

L’amplitude est instante
Bananiers
Cocotiers
Papayer
Arbre du voyageur
Bercés par l’alizée
Mettent en relief
Les bougainvillées proches
Le vent dérange peu
Les grands manguiers
Mémoire de la tranquillité sauvage
Du fenua
Découpeurs d’horizons trop purs
Sagesses d’équilibre
Puissants et nourriciers
Arbres et herbes folles
Complètent le décor
Il n’a pas besoin de toi
Il t’accepte comme il t’ ignore
Ne cherche pas à le séduire
Reste dans la contemplation
Décris le mieux
Fais l’effort auquel il cherche à te contraindre
Ce n’est que ce que tu crois
Tu n’es qu’un fétu de… papayer
Bercé par les alizées

GDB Toahotu
Vendredi 4 janvier 2013 11h30
avec Mendelssohn, concerto pour violon en mi mineur

Haapiti

Ciel et lagon laiteux
Balayés par le vent

Un long filet d’écume
Te fait suivre des yeux
La barrière de corail

Une fine épaisseur
De bleu plus profond
Pour ne pas oublier
L’infini Pacifique
Perclus de blancs et gris

Aucune aspérité
Airs et eaux fluides
Plus près quelques nuages
En strass de gris bleu

Clapotis du lagon
De sable mordoré
Au loin le grondement
Des vagues sur le tombant

L’heure est-elle à l’éveil
Des vapeurs nostalgiques
Le temps suspend le temps
Des vents en mouvement

D’instants le ciel se fend
De quelques dégradés
En camaïeux de verts
Gourds de limpidité


Serait-il difficile
De prendre la mesure
De toute la démesure
De l’Océan fissile

Sternes et aigrettes
Chassent le vivant
Dans l’eau transparente
Du bord de plage

Dans la transparence de l’eau
Se délectent les coraux
Sur fond de sable blanc

Les puraus
Jettent leurs ombres
Quand le soleil paraît
Sur l’eau scintillante

Les cocotiers aussi
Penchés sur le lagon
Font part de leur tristesse
Et de leur allégresse

Un bateau dans la passe
Un surfeur sur la lame
L’instant est au présent
Il ne sait rien faire d’autre

Haapiti 08 mars 2021 12h

Brune Vahine

Liserés blancs
Crêtes brillantes
Des clapotis
Multipliés
Par la brise
Au soleil
Permanent

Brune vahiné
Onde accueillante
Tu nous protèges
Du feu des cieux
Du sable brun
Et des cortèges
De lents adieux
A nos chacun

Houle indolente
Vient à la rencontre
De nos corps
De sable bronzés
Douceur brûlante
Des éléments
Aux frontières enlacées

Houle insouciante
Invite à la fraîcheur
En berceau de langueur
Les amants ballottés
L’un de l’autre contre


Ainsi le sommeil vient
Sur la plage noire dorée
Au Royal Tahitien

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il est midi
Sur Tahiti

GDB 28.10.86

Le vol de la frégate

Frégate
A l’ample vol
Au ciel
Bleu à casser
Bien que blanc
Du matin doré
Voit du ban
De son envergure

L’homme au pesant licol
Jaloux de son aventure

Frégate
Au ciel sondé
Consciente de son rôle
Accroche ton regard
Aux caresses d’Eole

L’air est à l’idée folle
En gerbe des désirs
En herbe du plaisir
Sa pâmoison t’attire

Ample et blasée d’offrir
Elle appelle à bleuir
Aux nuées du matin
Les faire du destin

GDB 31.03.92

Aube nouvelle

Ta vie
D’austères abois
Vint à manquer
D’attrait
Du crépuscule de son été
Tu avais oublié
Le trait

Mont Aoraï
Aux crêtes à l’infini
Tu viens casser le ciel
D’immense vert de gris

Soleil parti
De veines d’or strie
Le pâle azur bleu

De vaine lumière
De douceur alanguit
Les frêles moutons blancs
Posés là par le vent

Si doucement
Au temps discret
Du jour qui fuit
Dans l’orangé
Du lagon secret

Petites fusées vertes
Et bleues, puis la colline
Après le clocher rouge
S’enivrent à ta venue
Douce nuit
De Tahiti


Quand apparaissent les lumières
De la vie
Dans les petites tâches
Blanches timides enfouies
Dans ton vert
Qui bleuit
Terre
De Tahiti

Quand le blanc du papier
Et le gris du crayon
Se confondent enfin
Plénifiant nos extases
Aux balcons de ta nuit

Quand le regard se perd
Dans le rose confin
Des instants qui s’affrontent
Un reste d’aujourd’hui
Qui installe demain

Quand la nuée
Des cocotiers
S’estampe noire
Sur ton ciel bleu

Quand ta montagne
Sombre un moment
Bien qu’à regret
Pourrait sans pagne
Nous apeurer

Le somptueux
Scintillement
De la voûte
De tes cieux
Rend sans fin
Ton mystère
Heureux

GDB 08.12.85

Couleurs

S’ouvrant féline au plaisir
La terre verte s’étire
Sous la caresse du rayon jaune
Perçant l’ouate gris bleu blanc

La terre verte rajaunit
A l’aube au soleil fauve
Quand le rayon qui la surprend
Sèche ses larmes de la nuit

La terre verte au soleil rajaunit
Par la lucarne bleue du ciel blanc gris

Terre si verte rayon si jaune
Terre du ver qui vire au fauve

Reflet si dense
Des couleurs profondeur
Douce plénitude de l’instant
Couleur

Ardeur
Essence des sens affûtés
Par l’agression de ta beauté
Lorsque l’enfant Soleil paraît

 

 

Le blanc bleu gris gris fanfaron
Referme son temps de coton
Murant le coin de bleu ciel pur
Derrière l’ouate blanc gris bleu mur

Puis les gris blancs cèdent au bleu
Pas un bleu pur encore gris bleu
Petit bleu gris deviendra blanc
Si l’ouate monte monte au vent

Ouates ouatées, hâtez-vous donc de vivre

Ouates, vois terre comme tu les dénigres

Ouate, où as-tu mis le tigre

De papier qui t’enivre

     GDB 16.05.86

Soleil Prunelle

La lune vieille a pâli maintes fois
Au ciel quotidien de nos habitudes
Ne la vois-tu pas là au coin du toit
Lueur de gris sur nos décrépitudes

Être un fragment de soi
De l’humaine comédie
Chaque jour magnifie
Les levers de rideaux
De nos éclats de voix
N’entends-tu pas l’écho

Être un fragment de soi
Si tu le crois tu vis
Mais c’est si grand la vie
Il y a tant de vies
Tant de pièges d’oubli
Si tu les vois tu vis

Être un fragment de soi
Hier et aujourd’hui
Racontent un peu demain
Des amants éblouis
Garderons-nous la faim
Voilà pourquoi j’écris
Même quand je n’écris rien

Être un fragment de soi
La feuille est un cristal
L’encre en est le tain
Figeant d’élan vital
Les regards incertains
Atténuant l’usure
Des souvenirs futurs

Être un fragment de soi
Se convaincre qu’il reste
Dans les sarments célestes
Chaque instant à brûler
Et quand tout est à prendre
Au creux des matins tendres
Savoir tout voler

Être un fragment de soi
Et différer l’ennui
Laisser voguer ses choix
Au vent des appétits

Butiner fleur à fleur
Tous les champs d’énergie
Dérive ouverte à ton avis
Viendras-tu déchirer nos cœurs

 

Être un éclat de toi
Lueur de gris
Rose bleuie
Au cimetière des remords
Lueur de gris
Elle t’aime encore

 

 

 

 

Être un regard de toi
Instant d’appel
Pression de main
Soleil prunelle
A ton éclat l’œil est enclin

 

 

 

 

 

GDB 29.01.87 Papeete

Matin

En ton ciel un instant
Trois univers
Aux frontières enlacées

Le grand abrupt sombre
De l’Aoraï
De nuages
Oppressé
Aux queues de brume
Aux lentes volutes
Joueuses de ses pics

Univers d’ombre
Lourd et angoissant

Sur les crêtes
Piquetées de pins
Des hauteurs de Pamatai
Une couche grise
Basse légère mourante
Une autre blanche
Plus haute moins fournie
Plus dense plus tranchée
Découpant de larges fonds
De bleu pur vif et doux
S’en va blanchissante
Derrière les collines

Univers espoir
D’avenirs lumineux

Loin au delà de Faaa
L’envol
De larges nuages
Assis sur l’horizon
Enserrent l’espace et Moorea
Dans un halo gris laiteux

Univers lointain
D’errance à l’infini


En ton ciel
L’instant d’après
Plus de frontières

Mêmes enlacées

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le ciel est gris
Sur Tahiti

 

 

 

 

 

Tes univers
Sont rêveries

GDB 11.06.86

Lagon jaune



Punaauia Pk18
Le 30 juillet 2005 –18h

Taiohae

Ciel en mouvement
Constellé de sternes
Entrée de baie
Rythmée par la houle
Qui s'écrase sur les rochers
Voiliers calmes et posés
Le temps les attend

Pas de couleurs ternes
Pas d'espace fêlé
Rien n'est dans le moule
Peu importe l'après
Quand l'instant se défait

Les verts multipliés
Les bleus un peu nacrés
Ua Pou posée en estompe
Afin que l'horizon se rompe

Des fumées en volutes
Avec l'air luttent

C'est un matin calme
Sur la baie de Taiohae

Passants quelques fantasmes
Ont refermé tes plaies

GDB lundi 17 août 2020 Taiohae, Nuku Hiva aux iles Marquises

Crépuscule

Le temps est suspendu
Aux feuilles des cocotiers
Que l'alizé ignore

Poules et moultes volatiles
Sont allés dormir
Dans le grand pacaier

Dentelles vert sombre immobile
Traversées par le gris pur du ciel
Encore vivant

L'arrosage et le piano
Rythment le silence

Organisés en pluie

Bach Chopin
Préludes et valses
S'envolent du clavier assone 
Comme pour en finir avec le jour

Jaunes pâles et gris bleus
Se fondent sur l'horizon
Au lointain calme du Pacifique

Bientôt plus d'ombres portées
Sur les eaux étales des bassins
La nuit envahit l'espace

Elle change la couleur de la musique
L'heure est à l’œil lubrique
L'homme en devient magnifique
Pourvu qu'il promène sa trique

Sur ses océans de fantasmes
Au-delà de tous les miasmes
Il voit voler les phasmes

Au crépuscule aguerri
De notre belle Polynésie

GDB     Mitirapa Plateau 04 août 2020 – 18h30



 

 

 

Mirliton

Vie au long Courte soit-elle Musique ritournelle Vient au son Plus il est long Perdus de fond Ainsi soient-elles La pimprenelle N’est pas crécelle Est-elle fidèle Qui viole long En perdition Aucun affront N’est étalon Belle pucelle Au pantalon D’atours excelle Sois Mirliton
Le temps n’est plus de mise Sur quoi a-t-il prise Quels êtres violes ont Tu aimes cette rupture Plantée comme une épure Quelle belle allure Dans ton futur mûre La prégnance de l’instant Soudain se détend Reviennent les faims d’avant Chaque tissu se tend Il faut donner à boire Aux céans de nos espoirs

GDB     Mitirapa 04 mai 2015 – 18h00


Moiteur

Deux bruits sont dominants Les pales du ventilateur Qui broient l’épaisseur de l’air Les craquements du toit Etouffé de chaleur A cette heure Peu d’oiseaux chantent Il fait trop chaud Quelque idée te hante Posée dans le faire Indolente Dans la moiteur Des ressentis Dans les perçus en ouate Règnent les non-dits
Rien ne sort de la boite Pas même les croquis La vie est mise en plis Elle n’est pas Permanente Chaque éclat Chaque rente Les planches sèchent Après la pluie Les branches en mèches Troublent l’érudit Le soleil revient La lumière tient Peu de place Pour la joue lasse Tout est bien Moluques bavassent

GDB Mitirapa 2015-04-14 15h