Saut Atanase

Bien sûr C'est à dessiner Mais tu ne sais pas La lumière de l'après-midi Est diffuse Comme l'atmosphère De l'Amazonie Sereine et violente Violente et perenne Imprégnée de ses eaux Vaillantes de leurs sauts Le vert va du tendre au dur Canopée en épure Faune resplendissante Autant que discrète Layons de creux et de crêtes Marigots nonchalants La nature est en fait Fière de ses insectes L'Approuague Est en vagues Fait de calmes trompeurs La couleur demeure Un état de souffrance
Ce n'est qu'un petit coin de France Pour français voyageurs Un grand coin du monde Que la nature inonde Un morceau de ta transe En traverse les stances Le soleil accompli Brille par intermittence Que faire de tes soucis Dans ces courants d'eau jaune La nature est emplie Des plis de notre ennui Le temps n'est pas commode Il t'observe en méthode La rivière Est artère L'eau sa respiration L'arbre avec attention La regarde passer Le dessein est de peindre Tu n'as pu que feindre L'instant arrêté

GDB20040224 14h30 Saut Atanase, sur l’Approuague.

Éclat de soir

Deux maisons massives Regardent la route La lumière vive Doucement s'enfuit Peu loin Les cloches des vaches Elles broutent doucement Le son est en osmose Rien ne bouge Même pas le vieux garage A deux entrées Les murs de pierres immobiles Cassent le mouvement De quelques volatiles Qui se couchent Ambiance feutrée A travers la vitre Des éclats de gnossienne Le mur des cousines resplendit Ton ombre portée Sur le muret du fond S'ajoute A celles des trois tilleuls Ils ne bougent pas Le temps est dans leur camp Nuages bas Au loin amoncelés Une couche de gris Sous une couche de blancs Bondissants Plus près En tâches inattendues Quelques gris figés Dans le silence et le calme Du crépuscule à venir .
Les montagnes ne sont pas loin Un peu cachées dans l'éther Les drapeaux profil bas S'étonnent de l'absence de souffle Quelques rouges gorges Déjà ensommeillés Regardent perplexes L'absence de ton mouvement Voient-ils courir ton stylo Déchirant le blanc immaculé Le muret centenaire Sur lequel tu es assis Ne se réchauffe pas Les pierres content l'histoire Pour qui sait écouter Le temps n'est pas fermoir Laisse tes rêves aller Sous les nuages gris S'est installé le rose Comme son nom l'indique Il sera éphémère Comme le regard oblique Que tu portes sur ta Terre Quelques battements d'ailes Précèdent la fin du jour Le soleil se fêle Il annonce son retour Demain est le credo Que l'humain porte haut Savoir est sage Garde la rage Aucun adage Ne tourne page. GDB La Mine 08-11-2020

Éclat de froid

Le froid
Doucement
Étend son lit
Brise légère
Établie
Comme mégère
Pied de nez
Aux érudits
Laisse l'homme amant

Il est temps
De ne rien faire
Il est lent
De ne rien braire

Les branches immobiles
Orphelines 
De leurs feuilles
Laissent traces indélébiles
Au faîte
De nos deuils

L'année touche à sa fin

A la tâche
Sont les gredins

Le ciel est froid et clair
Deux lumières
Font la paire
Croisées
Atténuées
Elles mordent cependant
Dans l'éclat du vivant

GDB samedi 14 novembre 2020 La Mine

 

Taiohae

Ciel en mouvement
Constellé de sternes
Entrée de baie
Rythmée par la houle
Qui s'écrase sur les rochers
Voiliers calmes et posés
Le temps les attend

Pas de couleurs ternes
Pas d'espace fêlé
Rien n'est dans le moule
Peu importe l'après
Quand l'instant se défait

Les verts multipliés
Les bleus un peu nacrés
Ua Pou posée en estompe
Afin que l'horizon se rompe

Des fumées en volutes
Avec l'air luttent

C'est un matin calme
Sur la baie de Taiohae

Passants quelques fantasmes
Ont refermé tes plaies

GDB lundi 17 août 2020 Taiohae, Nuku Hiva aux iles Marquises

Crépuscule

Le temps est suspendu
Aux feuilles des cocotiers
Que l'alizé ignore

Poules et moultes volatiles
Sont allés dormir
Dans le grand pacaier

Dentelles vert sombre immobile
Traversées par le gris pur du ciel
Encore vivant

L'arrosage et le piano
Rythment le silence

Organisés en pluie

Bach Chopin
Préludes et valses
S'envolent du clavier assone 
Comme pour en finir avec le jour

Jaunes pâles et gris bleus
Se fondent sur l'horizon
Au lointain calme du Pacifique

Bientôt plus d'ombres portées
Sur les eaux étales des bassins
La nuit envahit l'espace

Elle change la couleur de la musique
L'heure est à l’œil lubrique
L'homme en devient magnifique
Pourvu qu'il promène sa trique

Sur ses océans de fantasmes
Au-delà de tous les miasmes
Il voit voler les phasmes

Au crépuscule aguerri
De notre belle Polynésie

GDB     Mitirapa Plateau 04 août 2020 – 18h30



 

 

 

Les larmes du tilleul

Sous tes feuilles Tilleul torturé Non pas torturé Mais coupé Que dis-je Court taillé Prodige Court taillé N’est pas torturé Mais bien humanisé Que dis-je encore Tout au plus réduit A l’échelle humaine Tilleul ta sève l’homme conduit Dans les canaux qui l’amène Aux fins de ses efforts Sous tes feuilles équarries Tilleul peu humanisé Près ton ombre éclaircie Tilleul encore enraciné La nature ruptive Dès lors captive Que dire Quand deux pensées amènent A oublier la pensée Souffrir Ou s’ouvrir à l’été Sereine fredaine Quand les guides capitaines En tension Les murs capitonnent D’effraction Comme le canon tonne
Tu vivais au soir tombant le frais Au mur où se cognait l’effraie Quand tout est trop pur Et vous effraie Même la nuit Chaude en sa bure Soleil enfoui Passé bleu pur Et la fraîcheur qui murmure Que l’effroi cogne en vos beffrois     Effraie volante Au beau bruit d’aile Au soir tombante Comme hirondelle Quand le temps plie Sa voûte large Qu’avec ses larmes De pluie émargent Les jeux de charme Et vos replis Entré dans vos cités Comme un cheval de Troie Laissez la bure tissée Pour l’amant enfin roi

GDB  07.06.97 19 heures


Noël scintille

Lumière du matin passé Au soleil de décembre Fleurs depuis longtemps fanées La terre à grand peine tremble Air chargé de douceur vive Rythmé de l’éclat du ciel De tous les élans de fête Chacun s’agite et vient Noël D’air l’an presque obsolète Montent au cœur les joies païennes C’est la bonne heure où que tu vives Près les sapins chargés de pommes Déjà au pré rode la hyène Quoi de plus naturel en somme Lumières du matin brassées Au soleil tout semble ambre Cimes de sapin aiguilletées Orchestrent nos démarches d’amble
                        Tout est travers quand tout va droit Tout l’univers est en émoi Tout marche au pas reconnais toi Quand tout trébuche tu vacilles De tous ses feux Noël scintille Vie contournée de tes embûches Noël donne à brûler ta bûche

GDB Orcines 24.12.88

 

Brumes et givre

La musique est au creux De l’oreille attentive Aux brumes écheveaux Des fuites sensitives   A cœur sauve qui peut D’éthers encore captives Aux fers des chevaux Sonneurs de cloches vives L’attente de l’instant Foule les firmaments La neige est à deux pas Qui est au cœur de quoi Sols blancs et vapeurs grises Les champs chantent rigueur De givre branches frisent Aux ormeaux de langueur D’humeur prise à l’hiver S’emplit à livre ouvert L’âme étale de joie triste Chaude au froid qui persiste Décembre est à deux pas Terres plates et courbées de froid
Vos musiques sont au creux De l’oreille attentive Aux brumeux écheveaux Des fuites sensitives       Terres figées aux frimas Des aurores différées Novembre n’attend pas Les flammes enneigées       Sage chaque instant perdure Ombré de nos soleils lointains Vois-tu les manteaux de verdure Que nos destins ont peints

GDB 22.11.88 Noyon 22h30