Douceur et flamboyance

La violence du soleil couchant
Sur le crépi blanc de la maison d’en face
Face au silence d’une route où rien ne passe
Et l’immobilité du vert
Qu’aucun souffle de vent n’altère
T’imprègne dans la contemplation des tilleuls
Dont aucune feuille ne bouge
Comme s’ils voulaient faire oublier
Qu’ils sont là
Guêpes et abeilles endormies
Dans une nature assagie
Avec au loin un bois de sapins
Découpé sur le ciel blanc bleu pur
T’amène à garder le goût de cette vie
Comme le roseau fâché quand il plie
Mais comment ne pas aimer les haies de ronces
Alors qu’elles ne sont qu’effets de mûres
Il a fallu attendre que la nature devienne tendre

Pour enfin retrouver
Les silences d’instant
Des pénombres absorbantes
Du temps quand il lui plait
D’activer les essences
Au soir quand tout est gai
Le ciel est étonné des absences de nuages
La brise a oublié qu’elle pouvait trop souffler
Vert blanc bleu dans la lumière du soir
Excitent le gris ardoise du sol composé
Quelques chiens aboient
Excités par la proximité de la chasse
Tu ne leur en veux pas
Leurs maitres orchestrent leur contrebasse
La douceur de l’heure
Rareté non programmée
Pourrait inviter à la déliquescence
Mais tu préfères l’effervescence

Au-delà de l’agilité du vocabulaire
Il y a les envies de l’en l’air
Le ciel devient bleu pâle pur
Avec quelques traces fines de nuages blancs
Tu n’arrives pas à te relire
Tu pourrais faire un effort
A demain

 

GDB La Mine Mardi 22 août 2017 20h00

The Spirit of Australia

Toujours un peu d’ailleurs
A observer les temps
Peuplés en autres gens
Et chercher les langueurs
Que ton état apprend

Vois-tu bien ces vaisseaux
Conteneurs brasseurs d‘ air
Rédempteurs de héros
Ou broyeurs de chimères
Que ton instant défend

De lieux en caractères
Pourfends le courant d’air
Qui t’aspire en ton sang

Des mélodies célestes
Planantes au vol lourd
De résurgents incestes
Entends gronder l’autour

Au profond azur bleu
D’où ressurgit la nuit
Cherche où se crée l’aurore
Vis dans la crainte heureux
En d’accueillants abords
Là-bas le soleil luit

GDB 25.12.87 15h heure locale en Transit à Sydney

Le vol de la frégate

Frégate
A l’ample vol
Au ciel
Bleu à casser
Bien que blanc
Du matin doré
Voit du ban
De son envergure

L’homme au pesant licol
Jaloux de son aventure

Frégate
Au ciel sondé
Consciente de son rôle
Accroche ton regard
Aux caresses d’Eole

L’air est à l’idée folle
En gerbe des désirs
En herbe du plaisir
Sa pâmoison t’attire

Ample et blasée d’offrir
Elle appelle à bleuir
Aux nuées du matin
Les faire du destin

GDB 31.03.92

Rupture de rythme

Quand le rythme établi n’est plus ce que l’on sent
Quand il faut de rupture retrouver l’harmonie
Quand tu n’as rien à dire et que cela s’entend
Cultive tes silences avec parcimonie

Ce qui est dit l’est-il ce qui ne l’est peut l’être
Qui saura se soucier de ce qui pourrait naître
Chacun ne veut entendre que ce qu’il voudrait dire
Rien en toi ne t’attire hors ce qui peut sortir

Qui te fait résonner doit se sauver bien vite
N’accorder qu’un sourire aux démons qui t’habitent

Gardez chacun vos pleurs pour votre solitude
Vous avez pour survivre vos siècles d’habitude

Tu ne peux être ailleurs que dans la peau des autres
Ce n’est pas une raison pour que tu t’y vautres

Qu’y a-t-il dans les mots que tu n’as pas appris
Qu’y a-t-il dans tes mots que tu n’as pas compris
Qu’y a-t-il dans ton être que tu n’as pas senti

Tout ce qu’elle a su lire que tu n’as pas écrit

Que dis-je bien plus encore
De ton discours l’être hilarant sort

 

GDB 16.10.86

Retour de La Baule

La peur
De ne pas vivre
Assez pour en parler

L’horreur
Que les missives
Ne soient répertoriées

La fleur
Quand on se livre
S’éreinte d’enivrée

Le pleur
Sanglot que vive
S’engourdit dans l’ivraie

Contons
Encore la rose
Cueillie si bien éclose

Comptons
La peur au ventre
Les replis de ton antre

Contons
Comptons encore
Sur les jours à l’effort
Les beaux arrêts du temps
Balayés par l’évent

Les cœurs si forts pourtant
Éclatés comme balle
Échappée du palan
Au dessus de la halle

Contons
Comptons encore
Les plaisirs à venir
Échappant comme fuir
Au futur salvateur

Entends confiteor
Cet oiseau qui se meure
Des cages à son humeur
Qu’il a voulu autour
Des cassures des amours

Contons
Comptons encore
La douleur s’effile
Tranchante mais fragile
S’apaisant à l’accord
Des images dactyles
De ce piano si fort
Du jeu réglé des corps
En synchronie des styles


Accords
Accordez donc
Vos effets différés
Aux souvenirs longs
Qu’ils se sont aliénés

Contons
Comptons encore
Les tables alignées
Par leurs regards furtifs
Le soir à la criée

Contons
Comptons encore
La plage apeurée
Par leur chemin festif
De plaisir différé

Contons
Comptons encore
Les chalands arasant
L’eau noire du marais
Porteurs de destinées
D’exigences d’amants

Complices à loisir
Les éléments guettaient

Contons
Comptons encore
La narration rassure
Et le calcul apure
A l’âme affleure le vague
Dans l’ombre de la drague

Contons
Comptons encore
La fuite des instants
Et leur arrêt vivant
Quand toute aura s’en va
Hurlement d’amertume
D’un jour sans écume
Séculier à son bras
Singulier comme toit
De roseaux agrégats

Attends
Ne comptons plus
Contons-nous notre joie
Apogée de nos mues
Aliment de nos fois
Oublions les frimas
De nos terres anciennes
Ce lopin est à toi
Fais ce qu’il en advienne

GDB 28.03.97 Retour de La Baule

Jouissance fine

Les temps portants n’ont plus goût d’âcre
Construis le texte autour du chant
Saisis de l’onde rémanente
L’état d’essence flottante au soir

L’herbe verte de vie
Des prés gourds de soleil
Devient bleue sous la brise
Lorsque le jour s’allonge

Elle caresse nos échines
Cambrées de jouissance fine

Voici venu le temps du songe
Que les lumières au loin balisent
Sur les collines en sommeil
Si doucement s’en va la vie

L’état des sens flottants au soir
Saisis de l’onde rémanente
Construit le texte autour du champ
Les temps portants n’ont plus goût d’âcre …

 

GDB 03.07.87  Orcines

Semnoz

Soleil d’automne
Deux coeurs frissonnent
Du froid silence
De ta brillance

Soleil aumône
Vivace et douce
Comme madone
En lune rousse

Soleil sans faim
Traçant l’épure
D’un ciel sans tain
Ni chevelure

Cassante et tendre
Facile à prendre
En lassitude
La vie s’élude

Soleil fragile
Rayons dactyles
Sur le mont roue
Pose sa joue

Soleil peu terne
Eclats en berne
Cherche la cache
D’horizons lâches

Soleil succinct
Comme tocsin
Soudain s’empreint
De ton câlin

Soleil d’étole
Que la luciole
Couvre et s’affole
Quand moineau piaule

Soleil d’avis
Perdure le lit
Quel défi
Au bleu sali

Soleil habile
Comme s’effilent
Les jours amours
Aux doux contours

Soleil poterne
A qui te berne
Quand les mots mâchent
Comme vie hache

Soleil lanterne
En bout de gare
Un prix décerne
A tes retards

Soleil emblème
De nos regards
Droits en dilemme
Des jours fanfare

Vivons nos sens
Seuls et immenses
Roule et déroule
Le temps s’écoule

Soleil ce soir
En notre espoir
Porte le noir
Ou bien la moire

Choix sibyllin
Lueurs enfin
Avez-vous fin
Avais-tu faim

Soleil d’automne
Froide brillance
Deux cœurs résonnent
De doux silence

Soleil d’automne
Douce brillance
Deux cœurs résonnent
De froid silence

Satie Gnossienne n°3
GDB 30.10.97 15h30

Jeux d’eau

La Saône vagabonde
Au gré de ses niveaux
Elle s’étend elle inonde
Prés et champs pétris d’eau

Paysage de faux lacs
Construit de ses jeux d’eau
Dans la vallée se plaque
Par dessus les enclos

Un vol de grandes grues
Se déploie près d’un bois
Une image inconnue
Sonde en songe l’émoi

Le gris du ciel noircit
Des bourrasques de pluie

L’aube a vaincu la nuit
Mais qui donc s’en soucie

Si noires
Percluses d’espoir
Les aisselles
Flagellent
Les cuirs en reposoir
Où flageolent nos sens


Des lyres
Rompues au soir
Délirent
D’onde illusoire

L’air cherche le silence
Des heures définitives
Accroché fort aux berges
Rives autant que fictives

Et le regard diverge
Du macadam bis

Comme aigri des lumières
Que diffuse la terre

Comme est gris un ciel clair
Quand le bleu s’affadit

Comme est morne lumière
Qui ne sait pour qui luit

Comme est terne manant
Qui ne sait pour qui prend

GDB 02.12.96

Aube nouvelle

Ta vie
D’austères abois
Vint à manquer
D’attrait
Du crépuscule de son été
Tu avais oublié
Le trait

Mont Aoraï
Aux crêtes à l’infini
Tu viens casser le ciel
D’immense vert de gris

Soleil parti
De veines d’or strie
Le pâle azur bleu

De vaine lumière
De douceur alanguit
Les frêles moutons blancs
Posés là par le vent

Si doucement
Au temps discret
Du jour qui fuit
Dans l’orangé
Du lagon secret

Petites fusées vertes
Et bleues, puis la colline
Après le clocher rouge
S’enivrent à ta venue
Douce nuit
De Tahiti


Quand apparaissent les lumières
De la vie
Dans les petites tâches
Blanches timides enfouies
Dans ton vert
Qui bleuit
Terre
De Tahiti

Quand le blanc du papier
Et le gris du crayon
Se confondent enfin
Plénifiant nos extases
Aux balcons de ta nuit

Quand le regard se perd
Dans le rose confin
Des instants qui s’affrontent
Un reste d’aujourd’hui
Qui installe demain

Quand la nuée
Des cocotiers
S’estampe noire
Sur ton ciel bleu

Quand ta montagne
Sombre un moment
Bien qu’à regret
Pourrait sans pagne
Nous apeurer

Le somptueux
Scintillement
De la voûte
De tes cieux
Rend sans fin
Ton mystère
Heureux

GDB 08.12.85

Complainte

GDB 18.10.86

Couleurs

S’ouvrant féline au plaisir
La terre verte s’étire
Sous la caresse du rayon jaune
Perçant l’ouate gris bleu blanc

La terre verte rajaunit
A l’aube au soleil fauve
Quand le rayon qui la surprend
Sèche ses larmes de la nuit

La terre verte au soleil rajaunit
Par la lucarne bleue du ciel blanc gris

Terre si verte rayon si jaune
Terre du ver qui vire au fauve

Reflet si dense
Des couleurs profondeur
Douce plénitude de l’instant
Couleur

Ardeur
Essence des sens affûtés
Par l’agression de ta beauté
Lorsque l’enfant Soleil paraît

 

 

Le blanc bleu gris gris fanfaron
Referme son temps de coton
Murant le coin de bleu ciel pur
Derrière l’ouate blanc gris bleu mur

Puis les gris blancs cèdent au bleu
Pas un bleu pur encore gris bleu
Petit bleu gris deviendra blanc
Si l’ouate monte monte au vent

Ouates ouatées, hâtez-vous donc de vivre

Ouates, vois terre comme tu les dénigres

Ouate, où as-tu mis le tigre

De papier qui t’enivre

     GDB 16.05.86

Lueur stupeur

Dans ta lueur stupeur cœur qui ne dit pas non

S’assoit notre état d’être appétit quotidien

Du présent différé tisserand de nos liens


Avant qu’elle ne s’éteigne

Et les retours félons

Des mauvaises raisons

De la mort quotidienne

Goûte à ton fantasme juste un peu qu’il ne meure

Mais pas trop pour qu’il vive il n’y a pas d’erreur


Il n’y a que l’acquis de toutes nos déraisons

Chaque jour d’avenir

Te verra-t-il fleurir

Sur leurs grands tombeaux blancs

Tes meilleurs instants


Il n’y a que la vie si tu sais l’arrêter

Et nos amours toujours qui viennent l’animer

GDB 28.10.85

Soleil Prunelle

La lune vieille a pâli maintes fois
Au ciel quotidien de nos habitudes
Ne la vois-tu pas là au coin du toit
Lueur de gris sur nos décrépitudes

Être un fragment de soi
De l’humaine comédie
Chaque jour magnifie
Les levers de rideaux
De nos éclats de voix
N’entends-tu pas l’écho

Être un fragment de soi
Si tu le crois tu vis
Mais c’est si grand la vie
Il y a tant de vies
Tant de pièges d’oubli
Si tu les vois tu vis

Être un fragment de soi
Hier et aujourd’hui
Racontent un peu demain
Des amants éblouis
Garderons-nous la faim
Voilà pourquoi j’écris
Même quand je n’écris rien

Être un fragment de soi
La feuille est un cristal
L’encre en est le tain
Figeant d’élan vital
Les regards incertains
Atténuant l’usure
Des souvenirs futurs

Être un fragment de soi
Se convaincre qu’il reste
Dans les sarments célestes
Chaque instant à brûler
Et quand tout est à prendre
Au creux des matins tendres
Savoir tout voler

Être un fragment de soi
Et différer l’ennui
Laisser voguer ses choix
Au vent des appétits

Butiner fleur à fleur
Tous les champs d’énergie
Dérive ouverte à ton avis
Viendras-tu déchirer nos cœurs

 

Être un éclat de toi
Lueur de gris
Rose bleuie
Au cimetière des remords
Lueur de gris
Elle t’aime encore

 

 

 

 

Être un regard de toi
Instant d’appel
Pression de main
Soleil prunelle
A ton éclat l’œil est enclin

 

 

 

 

 

GDB 29.01.87 Papeete

Matin

En ton ciel un instant
Trois univers
Aux frontières enlacées

Le grand abrupt sombre
De l’Aoraï
De nuages
Oppressé
Aux queues de brume
Aux lentes volutes
Joueuses de ses pics

Univers d’ombre
Lourd et angoissant

Sur les crêtes
Piquetées de pins
Des hauteurs de Pamatai
Une couche grise
Basse légère mourante
Une autre blanche
Plus haute moins fournie
Plus dense plus tranchée
Découpant de larges fonds
De bleu pur vif et doux
S’en va blanchissante
Derrière les collines

Univers espoir
D’avenirs lumineux

Loin au delà de Faaa
L’envol
De larges nuages
Assis sur l’horizon
Enserrent l’espace et Moorea
Dans un halo gris laiteux

Univers lointain
D’errance à l’infini


En ton ciel
L’instant d’après
Plus de frontières

Mêmes enlacées

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le ciel est gris
Sur Tahiti

 

 

 

 

 

Tes univers
Sont rêveries

GDB 11.06.86

L’ineffable

Tu ne saurais dire
Quelle muse est ta lyre
Au point
De te faire prendre l’eau
Rayonne
Ton libre court
N’est pas long
Autour de tes fours
Les semelles de plomb
Sont alibis stables
De ton manque d’aplomb
Plonge dans l’ineffable
Comme on passe le surplomb
Autour de chaque table
Chercheras-tu le mont
Tu dérives
Comme frises
Vers l’au-delà du rond
L’envers n’est pas profond
Faut-il régler le ton
Perdu reste l’amont
Cherche par-dessus le tronc
Sonore reste le gond
Serait-il vagabond
Bienvenue Monsieur Le Héron
Au beau musée des cons
Est-il temps de souscrire
A la belle idée d’écrire
Ne gâche pas ton plaisir
Ton ironie s’y mire
Il n’est rien d’atterrir
Quand décoller t’attire
Tu peux tes pensées frire
Cela ne te fait pas luire
Voudrais-tu encore fuir
Au moment de partir
Sauras-tu l’éclair lire
Au substrat de tes dires

 

GDB La Mine vendredi 27 novembre 2020 20h