Brise Muse

Soleil et pluie
Trompent l’ennui
Pluie et soleil
A nul autre pareil
Tout passe dans l’instant
Tout reste au présent
L’immensité du cocotier
Soudain figé
Dans son éternité
S’amuse
Juste après
D’une brise muse
A se dandiner
Plier au vent
Reste décent
Friser dans l’air
N’est pas aussi clair
D’Eros
Ou Lesbos
D’où viennent
Les pieds de nez
Anciennes
Sont les apnées

GDB Mitirapa Mardi 10 janvier 2017 12h15

Les larmes du tilleul

Sous tes feuilles Tilleul torturé Non pas torturé Mais coupé Que dis-je Court taillé Prodige Court taillé N’est pas torturé Mais bien humanisé Que dis-je encore Tout au plus réduit A l’échelle humaine Tilleul ta sève l’homme conduit Dans les canaux qui l’amène Aux fins de ses efforts Sous tes feuilles équarries Tilleul peu humanisé Près ton ombre éclaircie Tilleul encore enraciné La nature ruptive Dès lors captive Que dire Quand deux pensées amènent A oublier la pensée Souffrir Ou s’ouvrir à l’été Sereine fredaine Quand les guides capitaines En tension Les murs capitonnent D’effraction Comme le canon tonne
Tu vivais au soir tombant le frais Au mur où se cognait l’effraie Quand tout est trop pur Et vous effraie Même la nuit Chaude en sa bure Soleil enfoui Passé bleu pur Et la fraîcheur qui murmure Que l’effroi cogne en vos beffrois     Effraie volante Au beau bruit d’aile Au soir tombante Comme hirondelle Quand le temps plie Sa voûte large Qu’avec ses larmes De pluie émargent Les jeux de charme Et vos replis Entré dans vos cités Comme un cheval de Troie Laissez la bure tissée Pour l’amant enfin roi

GDB  07.06.97 19 heures


Vapeurs de stage

Aux franges du regard Est la contemplation Lorsque l’œil buvard Taché d’incantations Quitte le teint blafard De la révélation Aux franges du retard La précipitation Agite les amarres De toutes les convictions Lorsque l’homme vantard Libère ses pulsions Aime ne rien écrire Et penser le néant T’empêtrer dans ses spires Maladroit comme géant Perdre le souvenir Pour rêver cœur béant A ne s’en plus suffire Ouvert incontinent A n’en pouvoir d’ honnir Cinq et plus continents Revient fou le désir Corps à cœur pertinents
Outarde au vol gracile Planante apparition Bâtarde ton vol a-t-il Quelque satisfaction Quand l’homme détruit fut-il Suit ton élévation Offrante d’œil hagard L’âme en sommeil sourit Vivante en retard Mémoire en pot pourri La fête se fait tard Vénère ta fée et rie Aux franges de tes lèvres La commisération Posée comme une plèvre Sur ta respiration Bannit les chutes mièvres Des pauvres tentations A l’aide effort aux armes Vaines agitations Canalisez vos larmes Adieux aux reptations Rêves en pluies de charme Plongez le dans l’action

GDB 06.07.88 Paris

 

La vie au soleil

La nuit n’était pas tombée. 
Simplement, le soleil était parti, pour ne plus revenir. 
Il s’était perdu dans la nuée.
La nuée de l’humeur des hommes. 
Pourquoi se fatiguer à briller quand la solitude est pérenne. 
Il avait disparu. 
D’aucuns expliquaient, expliquaient encore, que les nuées provenaient d’une pollution intense. Explication à la mesure de la bêtise humaine. Simplement, l’homme ne méritait plus la lumière. Dans la nuit des temps, devant tant d’ingratitude, le soleil s’était lassé.
Bon, la nuit aussi permet la vie. Il suffit de s’habituer. Déjà, de nombreux scientifiques éclairés tentaient quelques thèses sur l’obscure. Quel humour, après tant de siècles d’obscurantisme.
Tout est problème d’énergie. Tant qu’il y a la matière, elle est infinie. Le soleil pouvait donc bouder aussi longtemps qu’il le voulait, il ne pouvait ébrécher la puissance de l’indestructible. 
L’être…
Plus besoin de lunettes de soleil, de crème à bronzer, de parasols, ou autres accessoires encombrants.
Il suffirait toujours de déstabiliser l’orbite de quelques atomes pour entretenir la folie humaine.
A moins qu’il n’y ait mal donne.
L’univers existe –t-il en dehors de la perception que chaque homo sapiens en a. Chaque être infinitésimal n’est-il pas l’univers ?
Quelle mesure indépendante de ma perception ai-je de la réalité de cette feuille, de ce stylo, de son encre et de l’imbécilité de mon propos.
Bien sûr, il est possible de sophistiquer ce propos, c’est d’ailleurs ainsi que circonvole un éther communément appelé la vie.
Étonnez-moi !

Je disais donc que le soleil était parti. Du coup il se jouait une drôle de partie. Le dieu Râ n’étant plus là, aucun dieu n’était plus de mise. Comment régner dans l’absence de clarté ; comment prétendre être le phénix, la cause de ce qui n’ est plus. Le problème, le dilemme, c’est que l’homme était toujours là, toujours un peu plus las, certes, mais toujours là. Autre problème, la vie ne s’était pas arrêtée. Chacun composait, le peuple du monde aussi. Bien sur, le chiffre d’affaires des stations balnéaires avait baissé, même si leurs hôtels équipés de thalassothérapie s’étaient vu offrir un boulevard de prospérité. La boue s’accommode de l’ombre. Le problème est que celle-ci, bien que permanente, n’était plus portée. Plus de silhouettes, plus d’estampe, autre que celles créées par la lumière artificielle. Et il faut bien reconnaitre que l’on en a vite abusé. 
Il a fallu recourir à quelques ersatz. 
Comment parler du temps du lendemain quand il n’y a plus de matin. Comment s’entretenir de chose et d’autre à la mesure de l’infini. Comment masquer le temps quand on ne le voit plus tourner. Comment s’éprendre quand il n’y a plus d’instant visible.
Pourquoi apprendre s’il n’y a pas de lendemain. L’errance était de mise. Que fais-je là ! Que fous-je ?
Eh bien, pourquoi comprendre quand on a de quoi prendre. Prenez, consommez, ne soyez pas désolés, de toutes façons, vous n’avez pas les clés. 
Organiser la vie ?
Non, pardon, organiser la mort ? 
Je n’ai pas bien compris, vous parlez de l’amor, bien proche de l’amer, repère peu flottant de nos frasques d’avant.
Non, reprenons.
Il fut possible d’être en dehors des clartés. 
La fange n’est pas souillure quand elle est peu chantée. On se vautre où on peut, on se vautre si on vit, même en vie sans soleil. Voir clair se soucie peu du naturel ou de l’artificiel. Les yeux ne s’assouvissent de la lumière intérieure que quand ils ne peuvent faire autrement. Cela fait partie du conditionnement premier, interne, dont l’origine est à déterminer. Il est possible d’être en dehors des clartés. Mon autre admire les effets que je fais pour être et ne pas compliquer. 
Revenons à la mesure primaire, procréer donc copuler, mais, si j’étais femme… 
Quels regrets ?
Le dialogue ethnologue n’est-il pas premier ?
Qui a choisi de séparer la génitude ? 
Qui m’empêche d’être femme autant que je suis mâle . 

La lumière était partie. Celle du Dieu Hélios, celle de l’intérieur, celle qui chauffe les cœurs. Il fallait remédier à cette aliénation.
Le cerveau de l’homme est un et indivisible. D’où vient-il est un faux problème sur lequel nous nous pencherons peut être plus tard. La démultiplication vitale est aussi par essence morbide. C’est le mystère de la réaction. Pardon, de la vibration. Mais c’est la même chose. L’existence de l’être n’est probablement qu’une vibration résonnante, par opposition à un concept que nous qualifions de vide sidéral et qui représenterait l’inerte. A ce stade il est facile de mesurer l’interaction entre la perception, la relation de cette perception, la construction de l’univers qu’elle induit, et l’absence de toute autre chose que la vibration et de ses résonances.
La mesure du potentiel humain n’est pas possible. Mais elle est sans importance. Les protections construites des moteurs de vie aliènent et pérennisent l’espèce ; l’espèce comprise au sens de l’individu indivisible.
La lumière était partie. Plus de jour, plus de nuit, plus de bleuté de lune vieille, plus de regard sur l’inaccessible. 
En résumé, plus de rêve.
Personne n’aurait cru qu’on puisse vivre sans rêve. Eh bien ! Si ! Enfin vivre, ou autre chose. 
En tout cas, continuer à concentrer la perception d’un univers vital. Que pourrait-il y avoir d’autre ?
Les démultiplications du magma lunaire virevolteraient d’ingéniosité.
Le clair profond
Beauté sans fond
Accroche l’absence de regard
Dans l’éternité sans fard
L’enthousiasme n’est qu’un temps.
Qu’est-ce que le noir sans repère à la lumière.
Les mouches du coche, dans un premier temps interloquées, pour celles qui n’avaient pas péri, reprenaient du poil de la bête.
Qui est qui, qui fait quoi, qui génère le magma, que génère le magma, qu’est chacun sans l’autre. Quelle essence génère l’existence.
Enfin, toutes les conneries communes existentialistes. 
La vie, la lumière, se reconstruisait ainsi au noir, pardon, dans le noir, qui, pour la bonne cause, la vibration, était devenu le blanc.
Même le soleil n’est pas maitre de la vie, il fut ainsi démontré qu’il n’était lui-même qu’une représentation d’un univers d’oscillation pendulaire indestructible. Que pensez vous d’un ciel tout blanc, avec au milieu un gros rond noir. N’est-ce pas aussi joli ? Serait-ce moins porteur d’espoir ?
Cela vous empêchera-t-il de bander ?
Connaissez-vous quelque chose, avez-vous la moindre perception, en dehors d’un équilibre instable.
Creux, crêtes, crêtes, creux
La lame est la vie
La flamme l’embellit.

Alors le soleil revint dans l’indifférence générale. 
Il avait compris qu’il brillait en vain. 
Il se félicita de ne servir à rien. 
Il avait atteint l’humanité. 
Chaque nuit pouvait porter conseil, même à lui.

L’univers serait-il né de l’ennui de l’homme, construit d’idées autour du néant.

GDB Saint Laurent du Maroni 2006

Le tourbillon des vents

La perception du bruit du vent Le souffle presque lent sur la peau Le tourbillon qui cogne en son moi L’environ construit de frasques Ce qui reste en dehors du conteur Même les chiens n’aboient plus alentour Creux et crêtes s’interpénètrent L’espace temps ne plie pas Il y a la tentation De l’apologie De l’indifférent Quelques idées mettent bas Vérités ou pulsions Qui sait où est le pli Et ce que tu pourfends L’accroche cœur Et l’accroche vie Sont sources de stupeur Vivre c’est reconstruire ses peurs Il faut les suivre Elles ne peuvent pas être gardées à demeure Tu aimes le vent Il génère le mouvement Tout arrêt t’atterre Et pourtant Tu y uses ton temps Celui d’au-dessus de terre
Est-il temps De faire les bordures Rester amant Oublier les dorures Pour être franc Le maçon n’est pas mur Le rythme lent Peut dégager l’épure Rien d’adhérent Que rester en culture Petite Maman Oublions ton usure Quelques printemps Te redonnent l’allure Attends, attends La vie n’est plus très sûre Rien n’est comme avant Mais le bruit reste pur Souffle dans l’olifant Pour que l’émoi perdure Revois ta vie d’enfant C’est sûr, elle assure Ce qui ne contient rien N’est pas vide pour autant Il faut garder le lien C’est le plus embêtant

GDB Moorea 25 février 2016 vers 20h

 

Takapoto

Au soleil fondant
Dans l’azur déchainé
L’alizé cuit
Le temps est suspendu
A quelques m'a-tu-vu
Pas d’odeur de buis
Ni sensations éméchées
Rien pour prendre de la peine
L’instant presque lent
Tu vas où
Petite santé perchée
Pour le passé
Soutenir le bleu
Ce n’est pas le pire
Le rire dans les yeux
On ne sait qu’en dire
Mais surtout
Ne pas les fermer
Pérenne et sereine
La vie mord
Quand le temps se tord
Vivre en Polynésie
Appréhender chaque instant
Sans avant ni apprêt
Le mouvement est ennemi de l’éternité

GDB Takapoto Dimanche 07 décembre 2016  13h30

 

Bel ami

Le temps s’est arrêté Auprès d’un bel ami Chacun le connaissait Il était dans la vie Le temps s’est étonné Demandant leur avis A ceux qui seuls savaient Qui avait connu qui Il fallut négocier On ne se livre pas Au premier qui s’assied Et qu’on ne connaît pas Le temps passa le temps Qu’il fallut pour comprendre Que d’humeurs en offrande Il prit gain de son temps
Alors il eut ses joies Qu’on le sache et le choix Il eut même un peu plus Docte d’images imbue Un peu sans savoir quoi La bête s’est repue Mais l’arrêt n’est pas terre Il lui fallut quitter Les ilots de réponses Qu’on aime à la flambée De nos vieux tas de ronces Il lui suffit de faire Pour croire ensemencer Adieu frustres cautères Plus rien n’est à jeter Donnez-nous nos excès

GDB 97.04.07

 

Le ressort

Le soleil
En sommeil
Dérive

Tu somnoles
Comme luciole
Craintive

Il est des horizons
A perdre la raison

Il est des oraisons
De dix pieds de long

Et pourtant
Tu t’actives
En forgeant
De fugues fugitives
En densité d’instant
Aux haras des hautes rives
Les humeurs des juments
La pâleur des gisants
Et la couleur du temps

Tu t’actives
A flots de sang
Comme la mort
Justes avant
Que la douleur vive
Et revienne
Le latent

A la tienne
Trinquons
Que survienne
L’hameçon
Qui te prenne


































Et tiens bon
Le ressort

GDB 97.04.07 13h45

Après la pluie

La pluie A ravagé l’espace La terre Enfante L’eau Le jour Après la nuit La nuit Après le jour Ont égrené le temps Ce soir Le vent S’étend Le tard Lui Se détend En volutes Qui luttent Avec le sommeil Posé en droit de veille
Construis L’instant qui te terrasse A faire Se plante Beau Retour Bouche qui fuit Sans bruit Vide d’autour De quelques printemps Le croire Le pan Savant Têtard Fuit Incontinent Formant rut En culbute D’émerveille Démesure de ton ciel

Taravao plateau, Mercredi 11 mars 2009 – vers 23h00


Noël

L’écriture s’active
Elle cherche encore son encre
Sèche mais bientôt ardente
La piqûre s’avive
Les blancs de plume
Délient les mots
L’œil s’allume
De ses défauts
Au soleil froid
Du matin gourd
Par la fenêtre en jour
S’entend le coq en foi
Bientôt ce sera l’oie
Goûtée en foie aussi
Les huîtres et le chapon
Et le gibier meurtri
Noël vivra sa vie
Sapins enfants en rond
Pieu scellé dans l’année
Jeunes vies vouées aux fées

GDB 24.12.2001 Cagnes 8h45

Noël scintille

Lumière du matin passé Au soleil de décembre Fleurs depuis longtemps fanées La terre à grand peine tremble Air chargé de douceur vive Rythmé de l’éclat du ciel De tous les élans de fête Chacun s’agite et vient Noël D’air l’an presque obsolète Montent au cœur les joies païennes C’est la bonne heure où que tu vives Près les sapins chargés de pommes Déjà au pré rode la hyène Quoi de plus naturel en somme Lumières du matin brassées Au soleil tout semble ambre Cimes de sapin aiguilletées Orchestrent nos démarches d’amble
                        Tout est travers quand tout va droit Tout l’univers est en émoi Tout marche au pas reconnais toi Quand tout trébuche tu vacilles De tous ses feux Noël scintille Vie contournée de tes embûches Noël donne à brûler ta bûche

GDB Orcines 24.12.88

 

Brumes et givre

La musique est au creux De l’oreille attentive Aux brumes écheveaux Des fuites sensitives   A cœur sauve qui peut D’éthers encore captives Aux fers des chevaux Sonneurs de cloches vives L’attente de l’instant Foule les firmaments La neige est à deux pas Qui est au cœur de quoi Sols blancs et vapeurs grises Les champs chantent rigueur De givre branches frisent Aux ormeaux de langueur D’humeur prise à l’hiver S’emplit à livre ouvert L’âme étale de joie triste Chaude au froid qui persiste Décembre est à deux pas Terres plates et courbées de froid
Vos musiques sont au creux De l’oreille attentive Aux brumeux écheveaux Des fuites sensitives       Terres figées aux frimas Des aurores différées Novembre n’attend pas Les flammes enneigées       Sage chaque instant perdure Ombré de nos soleils lointains Vois-tu les manteaux de verdure Que nos destins ont peints

GDB 22.11.88 Noyon 22h30

 

Noël et puis deux mains

Noëls en bûches Fêtes embûches Gardez peluches La vie s’épluche Allez-y gaiement Gardez la paluche Fêtez à truc muche La nuit du revenant Dérisoire est le soir Laisse poire pour l’espoir Aux croisées les chemins Cognent aux murs mains Débridé est l’orroire Pince-moi à demain Attends au soir le soir Tu y viens tu es bien Sérénité d’instinct Répertoire de bête Quand tu tires au plus fin Le jeu est à la fête
La bête en rut entête Chaque femelle s’apprête La bête en pute s’affrête Chacun sa branche étête Dérisoire Est le soir Mais si chagrin Est le matin Qu’il est un frein Rongé lointain Attends-le Quand il vient Reçois-le Sans la faim Noir Est l’espoir Refuge Sans subterfuge Des jours A vider Des tours Evidés A rouets A rouer

GDB 24.12.89 La Mine